ARTILLERIE (HISTOIRE DE L')
Le frein de tir (1897-1945)
Les premières études de liaison élastique entre la masse reculante et l'affût sont menées sans succès, en 1891, par l'Allemand Haussner.
Le Français Sainte-Claire Deville poursuit ses expérimentations, et réalise dès 1894 un ensemble capable de faire campagne. Pour la première fois, un matériel sort en série industrielle : les différentes pièces sont interchangeables d'un canon à l'autre. D'autres essais menés de pair par le colonel Deport, entre 1892 et 1894, aboutissent à la réalisation du 75, modèle 1897. La construction, soigneusement camouflée par la réalisation parallèle d'un matériel rigide, fournit un excellent exemple de surprise technique. 4 000 canons seront construits en France et en Allemagne, mais cette dernière ne disposera que du 7,7 cm, modèle 1896-1906, sans lien élastique, face au 75 mm français à tir rapide.
Le chargement est encore facilité par l'emploi de munitions encartouchées. Le frein de tir permet d'alléger l'affût et de donner à la pièce une très grande maniabilité. Le pointage en hauteur s'effectue par affichages indépendants d'un site, tenant compte de la dénivelée entre pièce et objectif et d'une hausse métrique, correspondant à la portée.
Le pointage en direction est désolidarisé de l'inclinaison du tube. Ce dispositif permet des mises en direction topographiques rapides et la vérification du pointage sur les repères lointains ou des piquets rapprochés.
Ces réalisations à base de niveaux à bulle permettent une rapide répartition du tir sur zone, les tirs régressifs ou progressifs et les barrages roulants.
De même le tir masqué devient la règle générale pour éviter la détection directe et la destruction par l'artillerie adverse.
Pendant la Première Guerre mondiale, l'artillerie de campagne et l'artillerie lourde jouent un rôle considérable, disloquant préalablement les dispositifs d'attaque, arrêtant les assauts, pilonnant, démolissant ouvrages et fortifications. La manœuvre des trajectoires permet de réaliser des concentrations massives, limitées toutefois par le ravitaillement en munitions. L'artillerie lourde s'alourdit encore sur les épis de l'A.L.V.F. (artillerie lourde sur voie ferrée).
Le 23 mars 1918, la Petite Bertha envoie sur Paris ses obus, numérotés pour tenir compte de l'usure du tube. D'un calibre de 21 centimètres, elle tire à 120 kilomètres à partir de sa masse de 260 tonnes répartie sur 18 essieux. Le 27 mai de la même année, la Grosse Bertha fait de même avec son calibre de 24 cm. À l'autre extrême, dans les moindres recoins des tranchées, c'est le duel des mortiers, Minenwerferallemands contre crapouillots français. « L'artillerie conquiert, l'infanterie occupe. » Cette citation marque l'importance qu'a prise le canon dans la bataille. Dans le camp allemand, Ludendorff déclare : « L'artillerie française, je la hais. »
La fin de la guerre aura vu naître le canon d'assaut devenu char de bataille et par contrecoup le tir contre char, l'aviation d'observation, puis le tir contre avion. Les premiers matériels antiaériens ne seront du reste que des matériels de campagne dotés d'affûts spéciaux permettant de les pointer vers le ciel.
Entre les deux guerres mondiales, les améliorations porteront sur les fabrications de série et le perfectionnement de la gamme de munitions : charge, obus, amorçage. Les matériels de type très nouveau n'apparaîtront que pour les luttes antichars et antiaériennes.
Les charges multiples en douilles amovibles ou en gargousses permettent de choisir des vitesses initiales correspondant aux portées. La vie des tubes et la précision de tir en sont augmentées. Les obus explosifs de fonte aciérée ou d'acier, les obus à balles, à gaz, à mitraille, à tracts, les incendiaires,[...]
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Écrit par
- M. SCHMAUTZ : colonel, ancien élève de l'École polytechnique, professeur à l'École supérieure de guerre
Classification
Médias