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ARTISANAT

Artisanat : mot récent, réalité ancienne. Si le terme n'apparaît qu'à la fin du xixe siècle, sa racine étymologique ars en révèle toute l'ambivalence. À l'origine il englobe, en effet, l'ensemble des activités manuelles extra-agricoles, au point qu'on ne distingue pas l'artisan de l'artiste. Mis à part la distinction, selon la taille de l'entreprise et l'effectif employé, entre le « secteur des métiers » et la « manufacture », ancêtre de l'industrie, il faut attendre le xvie siècle pour que la discrimination soit faite entre les « arts mécaniques » exercés par les « gens de métier » et les « arts libéraux » exercés par les artistes proprement dits, bien que l'on ait pris l'habitude de parler d'artisanat d'art pour certains métiers où la création et l'esthétique jouent un rôle essentiel (ferronniers d'art, vitriers d'art, métiers des arts graphiques). L'ambiguïté se maintiendra jusqu'au milieu du xixe siècle : le dictionnaire Poitevin, jouant sur les mots, affirme que « l'artisan exerce un art demandant un certain apprentissage », s'opposant en cela à l'ouvrier de l'agriculture ou de l'industrie.

Faute de définition légale, les organismes professionnels eux-mêmes adoptent des appellations telles que Confédération nationale de l'artisanat et des métiers de France, ou Institut suisse de recherche pour les arts et métiers. Dans les pays méridionaux, les désignations reflètent fidèlement l'origine latine (ars) : que ce soit en Italie (artigianato), en Espagne (artesanado), au Portugal (artezanato). Les pays septentrionaux se réfèrent à la notion de travail manuel (Handwerk, handicraft). Parfois est mis en avant le critère de la qualification du travail qu'exprime par exemple le skilled work anglo-saxon, expression cependant peu satisfaisante en raison de sa trop large extension.

Si l'on englobe dans l'artisanat, à l'instar du décret français du 1er mars 1962, les activités de production, de transformation, de réparation ou de prestation de services, son histoire est aussi vieille que celle des techniques qu'il applique.

Il a subi en outre les avatars des sociétés et des civilisations.

Les invasions barbares, en coupant les courants d'échanges, cantonnent l'activité manuelle dans l'enceinte des villae (domaines ruraux). Cette «  économie domaniale fermée » nécessitera la présence de travailleurs de tous les métiers vitaux pour une organisation qui se veut quasi autarcique : boulanger, tisserand, maçon, charron, sellier et autres auxiliaires de l'agriculture ; et aussi métiers des métaux entrant dans la fabrication d'armes et d'outils. Mais, bien vite, surtout dans les monastères, apparaît un mécénat qui fera se déplacer, d'une abbaye à l'autre, les parcheminiers, orfèvres, verriers, sculpteurs. À l'époque carolingienne se développe dans les Flandres le travail du drap ; et les grandes foires de Champagne permettront, au Moyen Âge, de comparer expériences, techniques, procédés, malgré l'existence de secrets de fabrication souvent jalousement gardés.

Aperçu historique

Les « métiers » médiévaux

À l'origine, les artisans étaient pour la plupart des serfs ; toutefois, en récompense ou en garantie de leur travail, il leur arrivait d'être affranchis, voire fieffés. Dès le ixe siècle, ils commencent à se grouper en sociétés de protection mutuelle. Ce seront les « geldoniae » ( guildes) et les « confratriae » ( confréries) dont les traditions, devenues folkloriques avec le temps, se sont conservées jusqu'à présent dans certains corps de métiers. Toutefois, ces confréries étaient à buts charitables et d'inspiration religieuse (chaque métier vénérait son saint patron). Des associations strictement professionnelles[...]

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Écrit par

  • : conservateur en chef du Patrimoine
  • : enseignant à l'université de Paris-I et au Centre national des arts et métiers
  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

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