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ARTISANAT DU BRONZE (Gaule préromaine)

L'objet archéologique est un palimpseste. Il accumule les traces entremêlées de son histoire que l'archéologie doit savoir distinguer : traces de fabrication, d'utilisation ou d'abandon.

Les artisans bijoutiers de la Gaule préromaine nous enseignent leur maîtrise de la métallurgie du bronze ; et c'est grâce au matériau lui-même, et à nos techniques modernes, que nous réapprenons, pour les comprendre, les techniques antiques.

Dans le cas d'un objet de parure en bronze, les stigmates de fabrication sont volontairement camouflés, puisque pour l'artisan c'est la qualité esthétique de l'objet qui en fera la valeur. La finition ne peut cependant pas masquer les incidents graves qui trahissent la méthode employée, comme les soufflures provoquées par l'air piégé dans le matériau au moment de la coulée.

En revanche, les phases d'utilisation laissent des indices caractéristiques car les décors incisés servent en quelque sorte de témoin d'usure. On a pu ainsi déterminer que les enfants portaient assez fréquemment des parures d'adultes, très usées, ou des objets, produits de récupération. Il est donc probable qu'ils ne disposaient d'une parure personnelle qu'à partir d'un certain âge et que leur décès précoce provoquait un legs forcé ou la récupération in extremis d'une parure brisée.

Au cours de son séjour dans la sépulture, l'objet en bronze en contact avec le corps se corrode et fossilise parfois des éléments organiques disparus. Ainsi, on a pu relever sur certains torques des traces de fourrure, vestiges de vêtements disparus. À bien les lire, les torques en bronze ne parlent pas seulement de ceux qui les ont fabriqués, mais aussi de tout ce qu'ils ont côtoyé.

Du bronze au fer

Les premières années du ve siècle avant J.-C. marquent, dans le nord-est de la France, le début de ce que l'on nomme la période de La Tène ou le deuxième Âge du fer. Cette dernière appellation rappelle simplement que le fer, dont la métallurgie est apparue aux alentours du viiie siècle avant J.-C. (début du premier Âge du fer ou période de Hallstatt), a alors définitivement remplacé le bronze dans la fabrication des objets utilitaires.

Le fer a deux qualités techniques : sa souplesse et sa résistance ; en outre, le minerai de fer est beaucoup plus courant que le minerai d'étain indispensable à l'élaboration du bronze. Avec le fer, une autre métallurgie va naître, impliquant des installations plus lourdes et un mode de production plus spécialisé. À mesure que les artisans maîtrisent la réduction du fer et le travail de la forge, celui-ci sera utilisé extensivement pour l'armement et l'outillage, tandis que le bronze, plus coûteux, sera désormais réservé à des usages ponctuels, comme la parure.

Le nord-est de la France représente, au ve siècle avant J.-C., la zone la plus occidentale de l'extension de la culture celtique (ou laténienne) originaire d'Europe centrale. Relativement isolés des circuits commerciaux qui naissent alors aux abords de la Méditerranée, les peuples des Ardennes, des vallées de l'Aisne et de la Marne occupent une des zones qui sera le plus tardivement romanisée. Pour ces raisons, cette région est une sorte de conservatoire, un lieu où les techniques métallurgiques ont évolué à partir d'un substrat culturel local peu sensible aux influences extérieures.

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Écrit par

  • : archéologue, attachée à l'UMR 7041 du C.N.R.S., protohistoire européenne

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Torque en bronze, Bucy-le-Long, Aisne - crédits : Encyclopædia Universalis France

Torque en bronze, Bucy-le-Long, Aisne