ARTISANAT DU BRONZE (Gaule préromaine)
Autres temps, autres besoins, autres solutions techniques
Pourquoi, dans ce cas, a-t-on choisi un matériau si difficile à travailler pour fabriquer un objet aussi complexe ? Aujourd'hui, la fonderie d'art utilise le bronze non seulement pour sa résistance à la corrosion, mais aussi pour sa belle « patine » brun-vert. Une patine qui n'est en réalité qu'une forme de corrosion superficielle maîtrisée, et volontairement provoquée, car elle protège la masse du métal d'attaques plus graves. Elle a aussi la propriété de nous faire oublier la vraie couleur de cet alliage : le jaune, dont l'intensité varie avec les proportions de cuivre (rouge) et d'étain (blanc). C'est sans doute cette couleur, semblable à celle de l'or, qui a motivé les artisans du ve siècle à choisir le bronze plutôt que le cuivre. L'illusion portera ses fruits puisque, cinq siècles plus tard, César en campagne parlera de Gaulois couverts d'or dont l'éclat éblouit l'adversaire.
Les bronziers de l'Âge du fer montrent que l'évolution des techniques s'infléchit en fonction de paramètres multiples, de motivations et de besoins différents. Leurs méthodes empiriques se révèlent d'une précision extrême et soulignent les limites de nos connaissances.
La technologie – au sens réel du terme, c'est-à-dire l'étude des techniques – comme science objective devient alors une notion bien fragile. L'archéologie, comme l'ethnologie, nous rappelle en effet que, face aux déterminismes de la matière, l'amplitude des solutions inventées par l'homme est toujours plus vaste qu'on ne le suppose. Négliger ce fait, c'est oublier que, comme le note le technologue André-Georges Haudricourt, la technologie est avant tout, une science humaine.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Cécile BRETON : archéologue, attachée à l'UMR 7041 du C.N.R.S., protohistoire européenne
Classification
Média