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MÉTAL ARTS DU

Le fer

Des textes égyptiens datant d'environ 3500 avant J.-C. mentionnent l'existence de l'utilisation du fer. À Gerzeh, des éléments de perles fabriqués à partir de fer météorique ont été retrouvés, mais l'emploi de ces épaves de fer comme bijoux ne constitue pas un point de départ certain pour l'art du fer. Le travail de mise en forme de ce métal n'a, pour ainsi dire, pas évolué de la préhistoire à nos jours. Il était pratiqué de manière empirique et les diverses propriétés du fer n'ont pas été véritablement expliquées avant le xviiie siècle ; on savait au contraire que les propriétés de l'acier dépendaient du pourcentage de charbon qu'il contenait, mais le traitement et la qualité obtenue dépendaient surtout du savoir-faire de l'artisan. Les premiers ouvriers du fer assemblaient des petites pièces les unes aux autres pour produire des objets de grandes dimensions, impossibles à réaliser d'un seul tenant.

L'Inde fut le lieu de production des aciers les plus anciens ; au moment de l'invasion d'Alexandre le Grand (327 av. J.-C.), la qualité des aciers indiens avait déjà une très grande réputation. Le pilier de fer presque pur, réemployé dans la mosquée d'Altamsh à Delhi, d'une hauteur d'environ 8 mètres, témoigne d'une façon spectaculaire de l'architecture de fer en Inde : il pèse 6 tonnes  

et les assemblages ont été soudés à chaud. L'inscription en sanscrit qu'il porte en donne la date : 360-400 après J.-C. Les Grecs et les Romains ont peu développé les possibilités esthétiques du fer et se sont, la plupart du temps, contentés de l'utiliser pour des outils, des chaînes et des assemblages de travaux de maçonnerie et d'architecture. Les fouilles d'Herculanum et de Pompéi ont permis de retrouver des traces de clôtures de fenêtres en fer forgé. À l'exception des lames et des épées, peu d'objets de la fin de l'Empire romain et du haut Moyen Âge sont parvenus jusqu'à nous. Les épées à lames courtes, portées par les légionnaires romains, devinrent vers le ive siècle après J.-C. une spécialité de Nydam dans le Schlesswig, puis de l'ensemble des territoires de l'Empire romain situés dans la vallée du Rhin.

Dans les pays scandinaves, l'épée a toujours été le chef-d'œuvre du forgeron et les fers trempés scandinaves étaient une de leurs principales industries. Le processus de fabrication restait empirique, ce qui explique que le forgeron a souvent été considéré comme un magicien.

En France, les témoins d'objets en fer antérieurs au xiie siècle sont rares. Les grilles de l'abbaye d'Ourscamp (musée Le Secq des Tournelles, Rouen) sont constituées de simples enroulements assemblés par des liens et des bagues, les portes de la cathédrale du Puy ont de belles pentures ; du xiiie et du xive siècle nous sont parvenus le chariot à braises, les chandeliers et les coffres de la cathédrale de Noyon, la clôture du trésor de Noyon et le coffre à pentures de l'église d'Aubazine (Victoria and Albert Museum, Londres).

Aux xive et xve siècles, sous l'influence de l'Italie, les grilles de clôture sont plus élaborées ; des médaillons et des panneaux à couronnements végétaux ou animaliers, effectués en tôle de fer, constituent un véritable décor architectural (grille de Saint-Sernin de Toulouse). Les objets mobiliers, modelés au marteau, taillés dans la masse pour les serrures, les coffrets, les judas deviennent des pièces de sculpture : l'hôtel-Dieu de Beaune ou l'église Saint-Pierre de Strasbourg en présentent de beaux exemples. La Renaissance italienne a produit, entre autres, des portes, des bannières et des lanternes d'une qualité comparable à celle de la ferronnerie espagnole, qualité dont la chaire de la cathédrale[...]

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Écrit par

  • : conservateur de l'Inventaire, responsable des Objets mobiliers à l'Inventaire général

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Médias

Hôtel Tassel, V. Horta - crédits : Alan John Ainsworth/ Heritage Images/ Getty Images

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