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ARTS MARTIAUX

En virevoltant sur l'écran, Bruce Lee sut donner au seuil des années 1970 une image des arts martiaux demeurée vivace dans l'esprit de ses admirateurs. Cet ensemble de disciplines extrêmement variées — on dénombrerait plus de trois cents techniques différentes — a pris en tout cas durant le dernier quart du xxe siècle un essor que ne laissaient pas prévoir les quelques lignes qui leur étaient naguère dévolues dans les encyclopédies sportives les plus sérieuses.

Même si certains d'entre eux peuvent affirmer une origine chinoise, coréenne ou autre encore, les arts martiaux furent aux temps guerriers des samouraïs japonais des modes de défense des individus, en une époque où les dangers d'agression menaçaient de toute part. Leur pratique ne pouvait être pour autant dissociée de leur esprit, de la recherche de la Voie : le budo. La version sportive qui s'est répandue de nos jours correspond-elle bien à cette approche spirituelle ? Si l'on peut en douter, il reste que la découverte d'une autre forme de civilisation constitue l'un des éléments qui attire nombre d'Occidentaux.

On laissera volontairement de côté ici le judo, discipline olympique, lui-même dérivé du jiu-jitsu, ou science de la non-résistance utilisant à son profit l'énergie même de l'adversaire. L'aïkido, développé de manière décisive dans les années 1930 et fondé sur l'harmonie, demeure dans cette tonalité puisqu'il ne comporte que des mouvements de défense et ne donne donc pas matière à compétition. Il n'est pas de même du karaté, ni de sa forme coréenne, le taekwondo, inscrit au programme des jeux Olympiques depuis 2000. Le karaté comporte en effet depuis 1966 ses propres Championnats d'Europe, ses Championnats du monde depuis 1970, ainsi que ses Fédérations nationale et internationale, affranchies de la tutelle du judo. Pour revenir à l'esprit, la caractéristique du karaté, dans la mesure où il privilégie les percussions à mains et à pieds nus, est que les coups ne doivent pas être réellement portés, sous peine de pénalités ou disqualification : il s'agit donc de conserver une parfaite maîtrise de soi dans cet « art de la main vide ». C'est pourquoi certains pratiquants, frustrés par cette retenue constante, ont été jusqu'à d'autres formes, tel le full-contact. Ils auraient pu aussi se diriger vers le kung-fu (boxe chinoise), voire le kick-boxing (avatar de la dure boxe thaïlandaise).

Une troisième branche est celle des arts martiaux impliquant l'utilisation d'une arme. Il en est ainsi du kendo, pratiqué sur un plancher de dix mètres sur onze environ. L'équipement est des plus spectaculaires, puisque l'armure protégeant le torse nous ramène trois siècles en arrière, de même que le long bâton de bambou (shinai) avec lequel seront portés des coups de taille (tiers avant) ou d'estoc (pointe). D'autres armes, potentiellement meurtrières et dérivant des moyens de défense immédiats à la portée des paysans, sont également utilisées, parmi lesquelles le nunchaku, transposition moderne du fléau à céréales, n'est pas le moins efficace.

Prêtre shinto - crédits : Nicholas DeVore/ Stone/ Getty Images

Prêtre shinto

Évoquer le tir à l'arc des maîtres japonais reviendrait aussitôt à aborder l'esprit et la philosophie du zen, qui en font un cérémonial et une ascèse intérieure — ce qui outrepasserait les limites du présent article. Lequel aurait pu également mentionner la capoeira, danse codifiée des anciens esclaves brésiliens, ou le sumo japonais, art martial de la famille de la lutte directement lié à la religion shintoïste. On l'a compris, les arts martiaux, par la concentration de l'énergie vitale qu'ils impliquent, sont bien une Voie qui, sainement abordée, peut nous apprendre beaucoup sur nous-mêmes et sur le monde.

Sumo - crédits :  Bridgeman Images

Sumo

Sumo - crédits : David Madison/ Getty Images

Sumo

— Jean DURRY

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Écrit par

  • : écrivain, directeur du Musée du sport français, membre de l'Académie internationale olympique

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Prêtre shinto - crédits : Nicholas DeVore/ Stone/ Getty Images

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