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LONDON ARTUR (1915-1986)

Né à Ostrava, London adhère à quatorze ans à la Jeunesse communiste. Trop pauvre pour poursuivre des études, il est vendeur dans le textile. Animateur de la Jeunesse communiste et du syndicat rouge dans cette vieille région minière, il connaît à quinze ans ses premiers séjours en prison pour lutte antimilitariste et participation à des grèves illégales. Le parti l'envoie à Moscou en janvier 1934 ; il y représentera la Jeunesse communiste tchécoslovaque à l'Internationale communiste des jeunes.

De mars 1937 à février 1939, le « Yougoslave Gerhardt » combat en Espagne en tant que cadre des Brigades internationales. Grâce au P.C.F., il réussit alors à éviter les camps français où sont parqués les réfugiés d'Espagne. Devenu « le camarade Gérard », London travaille en même temps à la délégation étrangère du P.C. tchécoslovaque et à la Main-d'œuvre immigrée (M.O.I.) liée au P.C.F. Organisateur de coups de main audacieux, il passe en octobre 1941 au triangle national du travail allemand (T.A.) chargé de rassembler les soldats allemands antinazis. Le 12 août 1942, il est arrêté. Il sera condamné en mai 1943 à dix ans de travaux forcés et à vingt ans d'interdiction de séjour. Neuf mois après, il est envoyé au camp de Mauthausen. Il y contracte la tuberculose, ce qui le fait admettre à l'hôpital du camp. London survit et, le 1er mai 1945, regagne Paris et décide de rester en France, où il continue ses activités d'avant guerre. Au début de 1947, il se rend en Suisse où le communiste américain Noël H. Field s'occupe de l'aide aux victimes de la guerre. Après le « coup de Prague », une campagne de presse se déchaîne contre l'« espion » London. À l'automne de 1948, il est expulsé de Suisse sans pouvoir se rendre à Paris. Il gagne Prague où il attend du gouvernement français un agrément qui ne viendra jamais. En février 1949, grâce à Clementis et à Geminder, London est nommé vice-ministre des Affaires étrangères.

La guerre froide et la rupture de l'U.R.S.S. avec Tito entraînent dans les pays de l'Est une chasse aux communistes qui ont vécu en Occident ou qui ont eu des contacts avec des Yougoslaves. Au procès Rajk, en septembre 1949, Field est dénoncé comme « agent américain ». Le ministère de l'Intérieur, sous l'impulsion de Slansky et de Švab, ouvre des enquêtes contre « l'ennemi dans le parti », les trotskistes et les anciens d'Espagne. En janvier 1951, le groupe des anciens d'Espagne est arrêté sous l'inculpation de titisme. London résiste six mois aux tortures physiques et psychiques les plus raffinées, avoue puis se rétracte, enfin tente de se suicider. Jugé deux ans plus tard, le 27 novembre 1952, avec treize autres inculpés (onze d'entre eux, dont Slansky et London, sont d'origine juive et considérés comme agents sionistes), il est accusé de trahison et d'intelligence avec l'ennemi. Avec deux autres diplomates, il ne sera pas exécuté mais condamné à la prison à vie.

Après la mort de Staline, les Field sont réhabilités en Hongrie et en Pologne. London communique au P.C.F. un rapport accablant, première mouture de L'Aveu. Il est libéré à la veille du XXe congrès du P.C.U.S. De 1956 à 1963, London s'emploie à réhabiliter les anciens d'Espagne. En 1963, il regagne la France où il écrit L'Aveu (paru en 1969 en France et en Tchécoslovaquie). Si le Printemps de Prague l'honore (ordre de la République), la normalisation, elle, le privera de sa nationalité, L'Aveu (livre et film) étant « contraire aux intérêts de la République tchécoslovaque ». En 1972, il est naturalisé français. Il passe les dernières années de sa vie à Paris où il participe au comité pour la défense des libertés en Tchécoslovaquie. Lorsqu'il meurt, le 8 novembre 1986,[...]

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Écrit par

  • : docteur de troisième cycle, diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris, diplômé de l'École nationale des langues orientales, chargé de recherche au C.N.R.S., chargé de conférences à l'École pratique des hautes études

Classification

Autres références

  • TCHÉCOSLOVAQUIE

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    • 12 946 mots
    • 10 médias
    ...avouèrent des crimes imaginaires prit ouvertement un caractère antisémite. Onze des quatorze accusés furent condamnés à mort et exécutés le 3 décembre 1952. Les mécanismes de fabrication de tels « aveux » furent décrits en 1968 parArtur London, l'un des survivants du procès, dans son livre L'Aveu.