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MICHELANGELI ARTURO BENEDETTI (1920-1995)

Au panthéon des pianistes, Arturo Benedetti Michelangeli côtoyait Vladimir Horowitz, Alfred Cortot, Wilhelm Kempff, Dinu Lipatti, Glenn Gould ou Sviatoslav Richter. Mais les médias avaient surtout retenu la rareté de ses apparitions, oubliant souvent qu'il s'agissait d'une des figures de légende du piano du xxe siècle.

Le perfectionnisme fait pianiste

Arturo Benedetti Michelangeli - crédits : Erich Auerbach/ Hulton Archive/ Getty Images

Arturo Benedetti Michelangeli

Né à Orzinuovi, près de Brescia, le 5 janvier 1920, Arturo Benedetti Michelangeli commence ses études à l’Istituto Musicale Antonio Venturi de Brescia, où il travaille le violon avec Paolo Chimeri dès 1924. Atteint d'une pneumonie, il se tourne vers le piano et, à l'âge de dix ans, entre au conservatoire Giuseppe-Verdi de Milan pour travailler avec Giovanni Maria Anfossi. En 1934, il obtient son diplôme. Après avoir obtenu le septième prix au concours international Eugène-Ysäye à Bruxelles, en 1938, il remporte le Concours international de piano de Genève l'année suivante. Il est aussitôt nommé professeur au Conservatorio di Musica Giovanni Battista Martini de Bologne. Il signe ses premiers enregistrements en 1942 et 1943, puis il est enrôlé comme lieutenant dans l'armée de l'air italienne. Il adhère à la résistance antifasciste, est fait prisonnier par les Allemands, mais s'évade au bout de quelques mois. Dès la fin des hostilités, sa carrière se développe rapidement. Il joue en Angleterre en 1946 et aux États-Unis en 1948, mais la maladie le frappe. Il doit se limiter à l'enseignement et exerce à Venise, Bolzano, Arezzo et Sienne. Dans un palais de la ville de Brescia, il crée une académie internationale de piano. Jörg Demus, Walter Klein, Maurizio Pollini et Martha Argerich viendront travailler avec lui. En 1964, il fonde le Festival international de piano de Brescia et Bergame, qu'il dirigera jusqu'en 1969.

Il revient progressivement sur scène à partir de 1959, mais sa santé ne lui laisse aucun répit, et il annule souvent ses concerts, parfois à l'entracte. Pour cette raison, il est souvent taxé de cabotinage et devient la terreur des organisateurs. Pourtant, l'homme respecte profondément son public, mais il cultive le perfectionnisme jusqu'à l'extrême. Ses penchants pour la vitesse et l'alpinisme contribuent à alimenter la légende qui se crée autour de lui. On découvre alors qu'il a remporté des courses automobiles, qu'il est un véritable champion de ski et qu'il est passionné de mécanique au point de savoir démonter aussi aisément le mécanisme de son piano qu'un moteur de voiture. Mais l'homme semble bien loin de ces considérations. Il passe un an dans un monastère franciscain pour se familiariser avec la pratique de l'orgue. Sa renommée s'étend dans le monde entier : il joue en U.R.S.S. en 1964, il retourne aux États-Unis en 1966 ; il se produit également en Amérique du Sud et au Japon. Mais l'essentiel de ses activités se déroule en Europe, principalement en Suisse et en Italie. En 1968, il s'installe sur les bords du lac de Lugano, en Suisse italienne, pour échapper au fisc italien qui avait saisi son piano. À partir de 1973, il donne des cours d'interprétation à la villa Schifanoia, près de Florence. En 1975, il revient jouer au Vatican devant huit mille auditeurs. Ses concerts sont de plus en plus rares, mais il reprend le chemin des studios et enregistre plusieurs disques pour Deutsche Grammophon entre 1971 et 1989. En 1988, il est victime d'une rupture d'anévrisme pendant un concert à Bordeaux, et il ne doit de survivre qu'à l'intervention immédiate d'un chirurgien présent dans la salle. Reconnaissant, il revient y jouer un an plus tard. Mais une nouvelle crise cardiaque l'emporte le 12 juin 1995, à Lugano.

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

Classification

Média

Arturo Benedetti Michelangeli - crédits : Erich Auerbach/ Hulton Archive/ Getty Images

Arturo Benedetti Michelangeli

Autres références

  • MORAVEC IVAN (1930-2015)

    • Écrit par
    • 782 mots
    • 1 média

    Ivan Moravec a refusé d’être un bateleur d’estrades. Loin des projecteurs, en dépit des multiples obstacles qui ont parsemé sa route, il a mené une carrière aussi discrète qu’obstinée. Il s’est choisi un répertoire étroit d’où est bannie toute page susceptible de s’abandonner aux facilités de la grandiloquence...