TOSCANINI ARTURO (1867-1957)
La consécration
Passionné par les progrès de la technique, Toscanini réalise ses premiers enregistrements en 1920, au cours d'une tournée de huit mois aux États-Unis avec l'orchestre de la Scala de Milan (en 1957, l'année de sa mort, il avait dépassé les vingt millions de disques vendus !). Sept ans plus tard, il dirige son premier concert radiodiffusé. Résolu à ne faire aucune concession au fascisme, malgré plusieurs tentatives d'intimidation mussoliniennes, il repart pour les États-Unis, où il avait déjà assuré une partie de la saison 1926-1927 de l' Orchestre philharmonique de New York comme chef invité. L'année suivante, il en avait été nommé chef associé, conjointement avec Willem Mengelberg. Il va en prendre la direction musicale (1928-1936), réorganisant totalement l'orchestre à la suite de sa fusion avec l'Orchestre symphonique de New York. Il est le premier chef non germanique invité à diriger au festival de Bayreuth : en 1930 et en 1931, il y conduit Tannhäuser, Tristan et Isolde et Parsifal. Mais, lorsque Hitler prendra le pouvoir en 1933, il refusera de revenir dans le temple wagnérien. En 1930, une importante tournée avec l'Orchestre philharmonique symphonique de New York le mène dans les grandes capitales européennes : Vienne, Londres, Berlin et Paris, où il revient en 1934 pour diriger les ultimes concerts de l'orchestre de Walther Straram – disparu l'année précédente –, qu'il considérait comme la meilleure formation symphonique française. En 1931, il est attaqué à Bologne par les milices mussoliniennes pour avoir refusé de diriger l'hymne fasciste, Giovinezza. Pendant les années qui précèdent l'Anschluss (de 1934 à 1937), il se produit régulièrement au festival de Salzbourg (Fidelio, Falstaff, Les Maîtres chanteurs de Nuremberg, La Flûte enchantée). Ce sont les derniers spectacles lyriques qu'il dirigera ; il se consacrera désormais au répertoire symphonique, à l'exception de quelques opéras donnés en version de concert à la N.B.C. Puis il refuse tout contact avec l'Autriche après l'interdiction de retransmettre en Allemagne les concerts donnés à Salzbourg par Bruno Walter (qui était juif). Le 26 décembre 1936, il dirige les premiers concerts de l'Orchestre symphonique de Palestine, futur Orchestre philharmonique d'Israël. Il en vient même à se brouiller avec Furtwängler en 1937, lorsque celui-ci est soupçonné d'indulgence envers le pouvoir allemand. En 1938 et 1939, il dirige au festival de Lucerne, terre d'accueil pour les artistes qui ont fui l'Allemagne et l'Autriche nazies.
Alors qu'il songe à se retirer, la radio américaine N.B.C. recrute à New York un orchestre de prestige à son intention, l'Orchestre symphonique de la N.B.C., préparé par Artur Rodzinski et Pierre Monteux ; Toscanini en dirige le premier concert le soir de Noël 1937. Pendant dix-sept ans, depuis le fameux Studio 8 H, il va offrir au public américain, à raison d'un concert par semaine (sauf quand il cédera la baguette à des chefs invités, notamment Leopold Stokowski au cours de la saison 1941-1942), une somme inégalée (qui constitue la base de sa discographie) : 117 opéras de 53 compositeurs, et 480 partitions symphoniques de 175 compositeurs... En 1940, il effectue une tournée en Amérique du Sud avec cet orchestre. Entre 1941 et 1944, il est invité régulièrement à la tête de l'Orchestre de Philadelphie.
Après la guerre, il revient en Italie où il dirige en 1946 le concert d'inauguration de la Scala, reconstruite après les bombardements. En 1948, il est nommé sénateur à vie de la République italienne mais il décline cet honneur. Un an plus tard, il inaugure le festival de Venise. En 1950, il effectue une tournée dans l'ensemble des États-Unis avec l'Orchestre symphonique de la N.B.C. En 1952, il[...]
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Écrit par
- Alain PÂRIS : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France
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