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USLAR PIETRI ARTURO (1906-2001)

Une étroite alliance entre la vie intellectuelle et l'action politique marque la destinée de l'écrivain Arturo Uslar Pietri, considéré comme une haute conscience civique dans son pays natal, le Venezuela.

Né à Caracas le 16 mai 1906, il éprouve, très jeune, une vocation pour le journalisme. Étudiant en droit, il se déclare „libéral progressiste, non révolutionnaire“, ligne dont il ne s'écartera pas. Attaché à la Légation du Venezuela à Paris, il fréquente les surréalistes et se lie d'amitié avec Alejo Carpentier et Miguel Angel Ásturias ; avec eux il va être un des tenants du „réalisme magique“, courant littéraire destiné à bouleverser le roman hispano-américain.

Successivement ministre de l'Éducation nationale, des Finances, des Relations extérieures, Uslar Pietri connaît une carrière politique mouvementée. Le coup d'État de 1945 le contraint à l'exil aux États-Unis. Après l'élection, en 1958, de Rómulo Betancourt comme président de la République, il est élu sénateur. Par ses interventions à la télévision, ses discours parlementaires ou ses articles, il exerce une profonde influence sur l'opinion publique. Candidat malheureux à la présidence de la République en 1963, il devient directeur du quotidien El Nacional, dans lequel il défend son idéal : „La démocratie est une façon de faire que les peuples progressent, et, si on n'y parvient pas, la démocratie n'est pas seulement un échec, mais elle ouvre un chemin très dangereux à ses ennemis d'aujourd'hui et d'hier...“ En 1973, il reçoit à Madrid le prix international de la presse Miguel de Cervantes. L'année suivante, il est nommé ambassadeur du Venezuela devant l'U.N.E.S.C.O. Revenu dans son pays en 1977, il ne cesse d'exercer son rôle de censeur de la vie publique, invitant les politiciens à „semer le pétrole“, afin de mieux distribuer la grande richesse du pays et lutter contre la violence sociale. Devenu une sorte de porte-parole de la communauté nationale, il meurt à Caracas le 26 février 2001.

Figure de premier plan de la littérature hispano-américaine, Uslar Pietri n'eut pas cependant l'audience universelle qu'obtinrent d'autres écrivains du continent. Son œuvre écrite, très abondante, embrasse tous les genres. Les Lances rouges (Las Lanzas coloradas, 1931) est un de ses romans les plus célèbres. Autour de quelques protagonistes aux destins tragiques, il évoque, dans les années 1810-1814, les débuts de l'indépendance du Venezuela. Dans le sillage de Miranda et de Bolívar, les péripéties se succèdent pour conter la ruine d'une famille de propriétaires terriens, emportée dans le tourbillon de l'histoire. Les idéologies des insurgentes (insurgés), d'une part, et des godos (royalistes), d'autre part, sont admirablement suggérées. Révoltes, massacres et batailles sont traités avec brio, en prenant quelques libertés avec la vérité des événements.

El camino de El Dorado (Le Chemin de l'Eldorado, 1947) est une puissante évocation du conquistador Lope de Aguirre, pris par la folie de l'or, et conduit à la révolte contre son souverain, Philippe II de Castille. Oficio de difuntos (Office des défunts, 1976) a pour sujet „l'hégémonie andine“, marquée par la dictature, de 1899 à 1935. À bien d'autres romans (El Laberinto de Fortuna, 1962 ; Estación de máscaras,1964 ; La Isla de Robinson, 1981 ; La Visita en el tiempo, 1990), s'ajoute un nombre considérable de nouvelles, genre où l'auteur excelle et dans lequel il s'efforce de se déprendre de l'indigénisme au profit d'une vision du monde qui fait appel au fantastique ou au mystère : Barrabás y otros relatos (1928), Red (1936), Treinta hombres y sus sombras (1949), Pasos y pasajeros (1966), Los ganadores (1980)...

Arturo Uslar Pietri[...]

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Écrit par

  • : professeur émérite des Universités, membre correspondant de la Real Academia Española

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