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ROY ARUNDHATI (1961- )

Arundhati Roy - crédits : Basso CANNARSA/ Opale/ Leemage

Arundhati Roy

Arundhati Roy est née en Inde le 24 novembre 1961, d’un père bengali hindou et d’une mère chrétienne syriaque, militante des droits des femmes. Après le divorce de ses parents, elle part vivre avec sa mère et son frère au Kerala, État du sud-ouest de l’Inde où se déroule son premier roman, Le Dieu des petits riens (1997). À l’âge de seize ans, elle quitte la maison familiale pour Delhi, où elle vit dans les quartiers pauvres avant d’entamer des études d’architecture. C’est vers le monde du cinéma et de la télévision qu’Arundhati Roy se tourne ensuite en rédigeant deux scénarios : In Which Annie GivesitThoseOnes (1989), où elle s’attache à rendre compte de la langue hybride – un anglais mâtiné d’hindi – parlée par les étudiants de Delhi, et Electric Moon (1992), qui révèle son intérêt pour des questions écologiques dont on retrouve la trace dans Le Dieu des petits riens. Ce roman écrit en anglais connaît un succès mondial et reçoit le Booker Prize l’année du cinquantième anniversaire de l’indépendance de l’Inde. C’est seulement vingt ans plus tard que Roy publiera son deuxième roman, Le Ministère du bonheur suprême (2017).

Une écrivaine-militante

Après la parution de son premier roman, Arundhati Roy choisit non pas de rejoindre le rang des écrivains diasporiques mais de rester à Delhi et de continuer à s’engager en faveur de causes écologistes, féministes et altermondialistes, dont elle rend compte dans ses nombreux essais polémiques. Ceux-ci traitent des essais nucléaires et de la construction de grands barrages en Inde (Le Coût de la vie, 1999), de la politique du gouvernement américain face au terrorisme international (Ben Laden, secret de famille de l’Amérique, 2001), des questions environnementales et des dangers d’une mondialisation incontrôlée (L’Écrivain-militant, 2003), des scandales et atrocités dont l’Inde est le théâtre (La Démocratie : notes de campagne, 2011) ou encore des méfaits du capitalisme (Capitalisme : une histoire de fantômes, 2016).

Plusieurs de ces sujets d’actualité sont également abordés par un biais fictionnel dans les deux romans de Roy. Le Dieu des petits riens se penche sur les vestiges de la colonisation dans l’État sous gouvernement communiste du Kerala, dégradé par l’industrie du tourisme. Le Ministère du bonheur suprême dresse un sombre tableau d’une société indienne minée par la crispation identitaire et par la violente répression instituée par le gouvernement central. Sur le territoire contesté du Cachemire, les cimetières se multiplient tandis que, dans les forêts de l’Inde centrale, la guérilla maoïste s’organise pour défendre les territoires occupés par les communautés aborigènes. Les deux romans mettent également en lumière la persistance du système de castes et de diverses formes d’oppression. Dans Le Dieu des petits riens, les personnages principaux (une mère divorcée, ses jumeaux biculturels – de père bengali hindou et de mère chrétienne syriaque du Kerala – et son amant issu d’une caste d’intouchables) sont marginalisés par la société et leur propre famille au point d’être détruits. Dans Le Ministère du bonheur suprême, ce sont les hijra ou transgenres qui sont ostracisées. L’une d’entre elles, Anjum, choisit d’élire domicile dans un cimetière où d’autres laissés-pour-compte viennent la rejoindre.

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Écrit par

  • : habilitée à diriger des recherches en études anglophones, professeure des Universités à l'École normale supérieure de Lyon

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Média

Arundhati Roy - crédits : Basso CANNARSA/ Opale/ Leemage

Arundhati Roy

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