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PÄRT ARVO (1935- )

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Dans l’œuvre du compositeur estonien Arvo Pärt, le silence occupe une place prépondérante : « Parce que le silence est toujours plus parfait que la musique. Il faut seulement apprendre à l'entendre. » Le caractère incantatoire, archaïsant et dépouillé de sa musique – qui fait abstraction des courants modernistes du xxe siècle et marque un retour aux sources de la tonalité – explique l'engouement qu'elle suscite auprès d'un public qui dépasse largement l'auditoire de la musique dite « classique ».

Du sérialisme au tintinnabuli

Arvo Pärt naît le 11 septembre 1935 à Paide, en Estonie. Élève de Heino Eller, il sort diplômé du conservatoire de Tallinn en 1963. Pour gagner sa vie, il travaille comme ingénieur puis comme directeur du son à la radio d'État estonienne de 1957 à 1967. Il compose, entre autres pièces, des musiques de films, de documentaires ; il en aurait écrit plus d’une cinquantaine. De cette période, on peut mentionner deux « Sonatines », pour piano (officiellement, ses opus 1/1 et 1/2, 1958, 1959), une courte « Partita », pour piano (1958), encore sous l'influence de Chostakovitch et de Prokofiev, un « Quatuor à cordes » (1959). La cantate « Meie Aed » (« Notre Jardin », 1959), pour chœur d'enfants et orchestre, et l'oratorio « Maailma Samm » (« L'Essor du monde », 1960) lui permettent de remporter, en 1962, le premier prix de composition de l'Union des jeunes compositeurs de l'URSS.

Cette première manière, mélange de musique « alimentaire » et de préoccupations plus artistiques, débouchera sur l'application des théories dodécaphoniques. Dédié aux victimes du fascisme, « Nekrolog », pour orchestre (1960), en est le témoignage et le symbole. À cette époque, le pouvoir soviétique voit dans le dodécaphonisme et les recherches sérielles un art décadent, marqué par une influence procapitaliste suspecte ; « Nekrolog » déconcerte évidemment les autorités culturelles. « Solfeggio », pour chœur mixte et quatuor à cordes (1964), reste énigmatique. Pärt, entré pourtant dans une phase sérielle, expérimente déjà des techniques aboutissant à la consonance, en usant de procédés de « tuilage », – consistant pour une voix à entrer avant que la précédente n'ait terminé, – qui annoncent bien des années à l'avance l’évolution du style de sa musique.

Ses trois premières symphonies reflètent les mouvements de son évolution spirituelle la plus personnelle. Sa Première Symphonie « Polyphonique » (1963) est entièrement composée dans un langage dodécaphonique ; la Deuxième (1966) combine l'aléatoire et des passages agressifs. La Troisième Symphonie (1971), composée dans une période charnière, porte en elle des éléments archaïques et des envolées mélodiques. Le musicien dévoile ici son attrait pour les techniques médiévales, mais celles-ci, incluses dans le moule formel de la symphonie, ne lui donnent pas encore entière satisfaction.

Dès 1968, son « Credo », pour piano, chœur mixte et orchestre, accentue la brouille avec les autorités soviétiques. Il ne s'agit plus cette fois d'esthétique mais de religion, voire de politique. Le livret débute par « Je crois en notre Seigneur Jésus-Christ » suivi d'un passage de l'Évangile selon saint Matthieu. Il n'en faut pas plus pour que, après un premier concert, l'œuvre soit interdite. Avec « Credo » apparaît le Pärt croyant, celui que l'on connaît le mieux.

En 1969, il abandonne le sérialisme, qu’il perçoit désormais comme une technique dangereuse, destinée à tuer la musique plus qu'à en renouveler la forme. Il étudie le chant grégorien, les polyphonies franco-flamandes des xivexve et xvie siècles (Machaut, Obrecht, Josquin Des Prés...), et met au point[...]

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