ASCOMYCÈTES
Tendances modernes de la classification
Dans cette conception des affinités au sein du groupe des Ascomycètes, les notions initiales de Pyrénomycètes, de Discomycètes et de Plectomycètes s'estompent. Les premiers éclatent en deux groupes relativement homogènes : les Ascoloculaires et les Ascohyméniales. Les Discomycètes dont la structure fondamentale ne diffère pas de celle des Ascohyméniales peuvent être inclus au sein de ces dernières, qui comprennent alors deux ensembles : les Ascohyméniales lagynocarpes (à périthèces) et les Ascohyméniales discocarpes (à apothécies). Les Plectomycètes disparaissent également, sans qu'il soit possible, dans l'état actuel de nos connaissances, d'inclure les deux ordres qui les composaient dans l'un ou l'autre des deux grands groupes de Pyrénomycètes : chez les Érysiphales, la présence d'une paroi périthéciale propre tendrait à en faire des Ascohyméniales, mais leurs périthèses restent clos et le groupement en bouquet de leurs asques ne peut être rapproché d'un hyménium ; ils constituent de ce fait un groupe à part. Quant aux Eurotiales, on ne peut les rapprocher ni des Érysiphales ni d'aucun des deux grands ensembles, Ascoloculaires et Ascohyméniales. À ces quatre séries s'ajoutent celles des Laboulbéniomycètes, des Hémiascomycètes et des Périascomycètes.
Une telle classification a pu paraître satisfaisante dans ses grandes lignes, surtout lorsqu'on a constaté que les Ascoloculaires possédaient des asques bituniqués et nassascés, ceux des Ascohyméniales étant au contraire unituniqués et annellascés. Toutefois, elle demeure encore artificielle et diverses espèces ont une position ambiguë : ainsi, plusieurs espèces du groupe hétérogène des Coronophorales, incluses ici au sein des Ascohyméniales, semblent montrer une structure d'Ascoloculaire, mais leurs asques sont unituniqués et de type annellascé comme ceux des Ascohyméniales. On pourrait multiplier les exemples.
On a alors proposé quelques modifications à ce schéma. Dans l'ensemble, les Pyrénomycètes pourraient être répartis en Dothidéens (ou Ascoloculaires), Coronophoriens (espèces de position incertaine entre les Ascoloculaires et les Ascohyméniales), Sphaeriacéens (Ascohyméniales lagynocarpes sensu stricto) et Clavicipitiens (Clavicipitales, isolées du reste des Ascohyméniales en raison de caractères particuliers de leurs asques et de leurs périthèces). Les Discomycètes (ou Ascohyméniales lagynocarpes) sont répartis en Lécanoriens (Lécanorales), Hélotiens et Léotiens (remaniements des ensembles précédents des Hélotiales et Ostropales) et Pézizéens (Pézizales). Les groupes isolés (Laboulbéniomycètes, Hémiascomycètes et Périascomycètes pour les groupes autonomes ; Érysiphales et Eurotiales chez les Pyrénomycètes ; Tubérales chez les Discomycètes) restent sensiblement les mêmes. Malgré ces correctifs, il reste de multiples points obscurs (notamment en ce qui concerne les affinités de nombreuses espèces) et certains ensembles demeurent artificiels. L'état actuel de nos connaissances sur les Ascomycètes nous maintient encore loin d'une véritable classification naturelle.
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Écrit par
- Patrick JOLY : directeur de recherche au C.N.R.S.
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