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FARHADI ASGHAR (1972- )

Asghar Farhadi - crédits : Cinema Guild/ courtesy Everett Collection/ Aurimages

Asghar Farhadi

Asghar Farhadi est un cinéaste et scénariste iranien né à Khomeyni Shahr près d’Ispahan (Iran), le 7 mai 1972. Passionné de théâtre et de cinéma, il réalise une série de courts-métrages dès l’âge de douze ans, suit les cours de l’Institut du jeune cinéma iranien avant de parachever sa formation à l’université de Téhéran, faculté du cinéma et du théâtre. Il réalise son premier long-métrage, Danse dans la poussière (2003), après six courts-métrages et deux séries télévisées.

Les films d’Asghar Farhadi rompent avec ceux des cinéastes qui l’ont précédé, car ils sont essentiellement urbains. Il pratique une version locale du cinéma de l’inquiétude morale chère à Krzysztof Kieslowski, qu’il admire tout autant qu’Ingmar Bergman ou Charlie Chaplin. Si les tours et détours de la justice hantent sa filmographie, l’auteur attaque rarement de front le régime ou la société. Il fonde son cinéma sur des crises qui surgissent dans un groupe ou, le plus souvent, au sein d’une famille. Le jugement des autres, l’impact de la rumeur permettent au metteur en scène, grand directeur d’acteurs, d’être toujours à hauteur d’individu. Il est aussi un des rares cinéastes iraniens à avoir su tourner à l’étranger sans se renier. De jeunes cinéastes, dont le plus notoire est Saeed Roustaee (Leila et ses frères, 2022), s’inspirent deson univers.

À la manière d’un puzzle 

Le film fondateur d’Asghar Farhadi est La Fête du feu (Chahar shanbehSouri, 2006), esquisse d’Une séparation. Lecinéaste élabore son univers avec des thèmes tournant autour des ouï-dire, des récits multiples qui vont faire de lui le témoin tourmenté de la société iranienne. La jeune Rouhi « monte » à Téhéran afin de travailler une journée comme femme de ménage chez un couple de bourgeois. C’est la première fois que des représentants de diverses classes sociales se côtoient. Le couple se déchire, les voisins veulent expulser de l’immeuble une coiffeuse qu’on accuse d’être une prostituée…

Devenu un classique, Une séparation (2011) représente l’acmé de l’univers d’Asghar Farhadi. Le film a reçu l’ours d’or du meilleur film au festival de Berlin, le césar du meilleur film étranger en France, le Golden Globe et l’oscar du meilleur film étranger aux États-Unis. Le film s’organise par thèmes et variations autour de cinq personnages : Nader et son épouse Simin, un couple aisé, leur fille Termeh (onze ans) et deux défavorisés, Razieh et son époux Hodjat. Une séparation est un film à suspense qui met le spectateur dans la peau de l’enquêteur : les faits qu’il doit démêler et interpréter sont diffus et sujets à plusieurs interprétations. Le film s’ouvre et se clôt dans le bureau d’un juge. Au début, le premier fonctionnaire acte le désir de Simin de s’éloigner de son mari, qui ne veut pas la suivre à l’étranger car il doit s’occuper de son père impotent. L’épouse agit ainsi afin de récupérer son compagnon. Mais son absence va provoquer une série de crises qui rendront la situation irréversible. Nader engage Razieh, une femme très croyante et pauvre, pour s’occuper de son père. Un certain nombre d’incidents ont lieu, dont la perte de l’enfant que portait la femme de ménage, due selon elle à une intervention brutale de Nader. On peut suivre toutes les pistes, aucune ne rend compte de la vérité, mais délivre seulement des réalités partielles.

À propos d’Elly (2009) est un de ses rares films qui ne traite pas de la famille. Il n’en contient pas moins tous les thèmes de Farhadi et introduit un nouveau leitmotiv, celui de la disparition, qui sera repris par la suite dans EverybodyKnows (2018) et Un héros (2021).

En 2013, quand il réalise Le Passé en France, le cinéaste y transpose la plupart de ses thèmes liés à la famille, aux rumeurs et aux pulsions. Il adapte sa méthode : cette fois, les[...]

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Asghar Farhadi - crédits : Cinema Guild/ courtesy Everett Collection/ Aurimages

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