ASHANTI ou ACHANTI
Société et civilisation
La puissance ashanti était fondée sur une organisation politique fort souple, fédérale en quelque sorte. Chaque province, chaque district reproduit l'image de l'État à plus petite échelle, et dispose d'une grande autonomie. Les tendances à la sécession ont dû à plusieurs reprises être contenues par la force.
L'unité de l'ensemble politique s'exprime avant tout dans l'ordre militaire : l'asantéhéné, le roi, peut faire appel aux forces de toutes les provinces. L'unité se base d'ailleurs sur des croyances religieuses communes. Le fondateur du royaume, Osei Tutu, reçut du ciel, brutalement déchiré au cours d'un orage, le siège d'or, garant de sa puissance ; celui-ci devint le reposoir des âmes des ancêtres royaux et de celles du peuple ashanti tout entier, le symbole de l'unité du pays et de la permanence de l'État, réaffirmées périodiquement au cours des rituels qui lui sont consacrés. Le siège d'or est au sommet d'une hiérarchie de sièges, descendant jusqu'à ceux qui symbolisent les ancêtres des plus petits groupes familiaux.
Les Ashanti ont élaboré une civilisation raffinée, dont témoigne un art très riche. L'or et le bronze dominent, fondus à cire perdue, martelés ou repoussés, ou modelés en minces feuilles sur des bois sculptés. Bijoux et masques d'or, récipients rituels et objets décoratifs en bronze en sont les pièces marquantes. Les plus célèbres objets de bronze sont les poids à peser la poudre d'or, plaques à décoration géométrique, rondes-bosses représentant des animaux, le décor de la vie quotidienne, des personnages.
Des influences fort diverses se sont sans doute très anciennement exercées sur l'art et la civilisation des Ashanti, bien avant la fondation du royaume. On a pensé à l'Égypte à propos de curieuses « poupées » de bois, charmes de fécondité, dont la forme rappelle celle de miroirs égyptiens. Le système pondéral très complexe qui commande les poids à peser l'or est proche de certains systèmes de l'Inde du Sud. La décoration des récipients rituels déposés dans les tombes évoque l'art hispano-musulman. On ne peut préciser le cheminement de ces influences, ni la date à laquelle elles ont agi. Sur le dernier point seulement – et sans que cela conduise à accepter une hypothèse d'E. Meyerowitz selon laquelle les Ashanti auraient fait partie de ces peuples que dispersa la chute de l'empire médiéval du Ghana – des apports venus de l'Afrique du Nord et relayés par les grandes puissances de l'or du Soudan occidental paraissent très probables.
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Écrit par
- Paul MERCIER : directeur d'études à l'École pratique des hautes études
Classification
Média
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