Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

ASHIKAGA YOSHIMASA (1436-1490)

Huitième shōgun du bakufu (gouvernement) de Muromachi. Petit-fils d'Ashikaga Yoshimitsu, shōgun dès 1443, Ashikaga Yoshimasa cesse bientôt de s'intéresser au gouvernement. La dégradation de l'administration shōgunale, que vient aggraver une série de catastrophes naturelles, les intrigues d'une épouse ambitieuse (Hino Tomiko) et de son entourage (Ise Sadachika), les rivalités des grands seigneurs féodaux amènent, à l'occasion d'une querelle de succession, une guerre de dix ans (Ōnin no ran : 1467-1477), qui ruine totalement la capitale et épuise le pays. Les troubles devaient renaître peu après. Yoshimasa avait eu recours, sous la pression des émeutes, à des mesures d'urgence (abolition des dettes, à treize reprises), mais en 1473 il cède le titre de shōgun à son fils Yoshihisa et se retire sur les « montagnes de l'Est » (Higashiyama) de Kyōto, où il passera le reste de sa vie, ignorant les luttes des guerriers et les souffrances du peuple. Autour de lui naquit l'une des civilisations les plus remarquables de l'histoire du Japon. Dans une résidence où se dresse le Ginkaku (le « pavillon d'Argent », mais la mort de Yoshimasa fit avorter le projet de placage), il réunit des moines lettrés ou esthètes (dōbōshū), sans tenir compte, fait nouveau, de leur origine sociale. Ces moines, qui appartiennent soit à l'une des sectes de la Terre pure (Jishū), soit au zen, rassemblent une prodigieuse collection d'œuvres d'art chinoises (Song et Yuan), renouvellent ou codifient de multiples formes artistiques : peinture (suiboku-ga et yamato-e), jardins (jardins secs ou kare-sansui), poésie (renga) et théâtre (), enfin l'art du thé (wabi-cha) et des fleurs (tatebana), ces deux derniers amenant un grand essor de la poterie. Bien que de grands maîtres, comme le peintre Sesshū, aient refusé de s'attacher à Yoshimasa, sa cour fut le creuset où s'élabora une esthétique qui mêle curieusement l'exigence zen de dépouillement et de sobriété (architecture des « pavillons de thé » et « jardins secs ») et l'aspiration des sectateurs de la Terre pure vers un monde idéal fait de douceur et de délicatesse ; îlot de sérénité au milieu des convulsions du Japon, la culture de Higashiyama devait orienter de façon durable l'esthétique japonaise.

— Jacqueline PIGEOT

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

Classification