- 1. Les modes de notre connaissance
- 2. Les substructures
- 3. Les creusets géographiques
- 4. L'ossature de nos connaissances
- 5. Opacité des apparences et structures profondes
- 6. La maîtrise du milieu, base du pouvoir
- 7. La cité hydraulique
- 8. Les empires maritimes
- 9. Les empires des rizières
- 10. Permanence, récurrences et destins des pouvoirs
- 11. Bibliographie
ASIE DU SUD-EST (art et archéologie) Les grands empires
La cité hydraulique
À son tour, le roi Indravarman (875-889) crée, à Roluos, le dernier outil requis : un type tout à fait original d'occupation du sol que nous avons dénommé « la cité hydraulique ». C'est un vaste réseau de digues, de réservoirs et de canaux déployé sur des dizaines de kilomètres carrés. Utilisant au mieux les rivières et les moussons, il permet de stocker puis de redistribuer l'eau, d'abord pour remédier à un déficit éventuel des pluies, bientôt pour irriguer en saison sèche et assurer une seconde récolte. C'était transformer du tout au tout la production. De 900 à 1200, Angkor va se développer par la juxtaposition de semblables cités hydrauliques, de plus en plus vastes, ajoutées et interconnectées les unes aux autres, qui vont finalement plus que centupler la production – donc la population. Des monuments de plus en plus nombreux et surtout de plus en plus gigantesques purent ainsi être dressés, qui font d'Angkor un des plus impressionnants ensembles architecturaux de l'antiquité. On réussit finalement à créer un véritable « pays artificiel » (la carte ci-jointe en donnera une idée), tout entier consacré à la riziculture intensive et libérant la puissance khmère des contraintes de la nature. Bien évidemment, une telle entreprise n'a pu être menée que par un effort collectif ordonné par un seul : le roi. On ne prétend nullement faire du mode de production le seul ressort de cette évolution. Les faits sont autrement complexes, les croyances religieuses, les ambitions personnelles jouèrent leurs rôles. Reste que ce fut là un ressort indispensable. Partout en Asie du Sud-Est les pouvoirs qui domineront seront de même essence : une royauté sacralisée menant un peuple de riziculteurs dans des plaines recréées par leur labeur.
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Écrit par
- Bernard Philippe GROSLIER : directeur de recherche au C.N.R.S.
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