- 1. Les modes de notre connaissance
- 2. Les substructures
- 3. Les creusets géographiques
- 4. L'ossature de nos connaissances
- 5. Opacité des apparences et structures profondes
- 6. La maîtrise du milieu, base du pouvoir
- 7. La cité hydraulique
- 8. Les empires maritimes
- 9. Les empires des rizières
- 10. Permanence, récurrences et destins des pouvoirs
- 11. Bibliographie
ASIE DU SUD-EST (art et archéologie) Les grands empires
Les empires maritimes
Suivons maintenant la destinée des grands États qui se sont ainsi échafaudés. Le premier fut l'empire de Śrīvijaya, successeur de fait du Fou Nan et qui, à partir de Palembang en Sumatra, entre le viie et le xe siècle, étendit son emprise sur la mer de Chine méridionale. Il prit le relais de l'influence indienne et contribua à l'asseoir, notamment comme foyer du bouddhisme. Mais il manquait de terres cultivables. Le pouvoir devait donc passer sur Java, dont la fertilité fit le centre de peuplement le plus dense d'Indonésie. Sanjaya – vers 732 – et les rois Śailendra – à partir de 778 – construisirent à Java central d'immenses sanctuaires qui, de Borobuḍur bouddhiste – 780-833 – à Prambanam sivaïste – vers 856 –, sont un des plus extraordinaires surgeons de l'indianisation. La puissance politique glissera encore plus à l'est de la grande île où Airlangga 1010-1049 lui donnera son épanouissement ultime.
Continental, certes, mais de même race et de même langue, le Champa doit être évoqué ici car son destin fut, à bien des égards, semblable à celui des Vikings. Échelonnées de Hué à Tourane du ixe au xiie siècle, ses dynasties successives joueront un rôle politique important par leurs raids sur toutes les côtes d'Indochine. On leur doit aussi de nobles tours-sanctuaires en brique, à commencer par celles de leur ville sainte : Mi-Son. Dès le xe siècle, ce royaume se heurta au Cambodge angkorien et s'épuisa dans des luttes fratricides. Pire : il offrait la seule zone de rizières accessible aux Vietnamiens. La pression de ces mangeurs de terre ne devait pas se relâcher pour devenir, au xiiie siècle, irrésistible, et oblitérer jusqu'au souvenir du plus septentrional des États indianisés.
Une dernière thalassocratie fleurira : l'empire de Mojopahit, qui, comme Śrīvijaya, ressoudera au xive siècle l'Insulinde, de Sumatra à Bali. Mais, déjà, les musulmans de l'Inde incrustaient leurs sultanats sur ces côtes (Malacca 1414, Atjeh 1520) et, tout en contribuant à la dislocation du dernier État indianisé des îles, ouvraient – fût-ce inconsciemment... – la voie aux Européens.
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Écrit par
- Bernard Philippe GROSLIER : directeur de recherche au C.N.R.S.
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