ASIE (Géographie humaine et régionale) Dynamiques régionales
Dégager des sous-ensembles régionaux au sein de l'Asie soulève deux difficultés majeures. D'une part, les phénomènes comme la démographie, la superficie ou l'économie opèrent à une échelle beaucoup plus vaste que l'Europe, voire que l'Amérique du Nord. La Chine, qui ne constitue qu'une partie de l'Asie, est, par exemple, aussi grande que les États-Unis, de même que l'Inde par rapport à l'Union européenne. La population de ces deux pays est considérable : les Chinois et les Indiens réunis sont sept fois plus nombreux que les habitants des États-Unis et du Canada, et cinq fois plus que ceux de l'Europe des Vingt-Cinq.
D'autre part, les diversités internes, tant physiques qu'humaines, sont très fortes, ce qui remet en question l'idée même de cohérence asiatique. Les relations entre les différentes sociétés apparaissent alors comme des facteurs de convergence, faute de réelle identité socioculturelle commune. Les flux économiques, les migrations de travail, les rapprochements politiques et les réseaux divers, qui participent d'une mondialisation dont l'Asie est précisément l'un des moteurs, dessinent donc les sous-ensembles régionaux asiatiques.
Cette situation n'est pas nouvelle. Depuis l'Antiquité, de grandes routes d'échanges ont sillonné le continent. La « Route de la soie », comme l'a baptisée le géographe allemand Ferdinand von Richthofen à la fin du xixe siècle, ou plutôt les routes puisqu'elles étaient multiples, ont relié l'Europe, la Méditerranée et la Chine en passant par les steppes d'Asie centrale. Elles étaient dédoublées, vers le sud, par des routes maritimes de cabotage allant d'Arabie en Chine, via l'Inde et l'Insulinde. Ces deux axes, schématiquement parallèles d'ouest en est, étaient joints par des traverses orientées du nord au sud entre la région de Samarcande et l'Inde, la Dzoungarie et le Bengale, la Chine du Nord et l'Indochine par exemple. Ces routes constituaient autant des voies marchandes, celles des épices, de la soie ou du papier, que des axes de circulations intellectuelles, celles du zéro, des théories astronomiques ou des globes terrestres. Les historiens reconsidèrent actuellement la dynamique de ces anciens échanges. Il apparaît que l'Asie a davantage apporté de biens et de connaissances à l'Europe que celle-ci ne lui en a fournis.
Les colonisations et les impérialismes européens du xixe siècle ont mis un terme à ce qui aurait pu être l'essor d'une révolution industrielle en Chine, voire en Inde. Mais la richesse pétrolière du monde arabe, persan et turquisant ainsi que l'émergence économique d'une Asie très sinisée changent désormais la donne. À l'ouest de l'Asie, les marchés et les esprits sont davantage tournés vers la Méditerranée et l'Union européenne. À l'est, ils sont en train de prendre leurs distances avec l'Amérique du Nord, vers laquelle ils furent tournés tout au long du xxe siècle, tandis qu'un axe d'échanges est-asiatique, d'abord maritime mais aussi aérien, réunit l'Asie du Sud-Est, la Chine, le Japon et la Corée le long de l'océan Pacifique. Entre les deux, le monde indien s'affirme progressivement, alors que l'Asie centrale reste très accaparée par la Russie héritière de l'empire soviétique.
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Écrit par
- Manuelle FRANCK : professeur des Universités, Institut national des langues et civilisations orientales
- Bernard HOURCADE : directeur de recherche au CNRS
- Georges MUTIN : professeur honoraire de géographie, Institut d'études politiques de Lyon
- Philippe PELLETIER : professeur des Universités
- Jean-Luc RACINE : directeur de recherche au CNRS
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