ASIE (Géographie humaine et régionale) Dynamiques régionales
Asie centrale
Ce qu'on appelle communément l'Asie centrale est en fait l'Asie occidentale continentale, l'Asie intérieure. Entre les mondes méditerranéen, arabe, indien et russe, entre la vallée de l'Indus, la Mésopotamie, le golfe Persique et les steppes russo-sibériennes s'étendent de hautes terres, éloignées de toute mer, marquées par les civilisations musulmanes turques et iraniennes. Dans les onze États de cette région vivent, dans les années 2020, 300 millions d'habitants sur un immense territoire de 7,256 millions de km2 (35 hab./km2). La Turquie et l'Iran appartiennent également au Moyen-Orient, en raison de l'héritage de l'Empire ottoman, de l'économie pétrolière et des relations étroites que ces deux pays entretiennent avec l'Europe et les pays industrialisés. En revanche, les plateaux anatolien et iranien limités au nord par le Caucase et l'Alborz (ou Elbourz) appartiennent à l'Asie centrale au sens strict par leurs paysages et une histoire politico-culturelle qui les rapprochent des territoires situés entre la mer Caspienne, la Chine et la Mongolie : Kirghizstan, Ouzbékistan, Tadjikistan, Turkménistan, Kazakhstan, Afghanistan. Les pays de Transcaucasie (Azerbaïdjan, Géorgie et Arménie) sont également liés à ce monde turco-iranien, même si les deux derniers sont de culture chrétienne. Les populations du versant nord du Caucase font partie de la Fédération de Russie et ne sont pas étudiées ici, même si certaines sont de culture musulmane (Tchétchènes) ou d'origine iranienne (Ossètes).
Au cours du xxe siècle, la Turquie héritière de l'Empire ottoman, et l'Iran, plus ancien État de la région producteur de pétrole, ont constitué une interface entre l'Europe et l'Asie, tandis que l'Asie centrale soviétique restait isolée. La révolution islamique d'Iran en 1979, l'ouverture de la Chine à l'économie de marché et l'effondrement de l'URSS en 1991 ont bouleversé la géographie de cette région qui coïncide en grande partie avec les empires de Gengis Khan et de Tamerlan. Aujourd'hui divisée en onze États faiblement peuplés et souvent sous-développés, l'Asie centrale ne constitue pas un des centres majeurs de l'activité mondiale, malgré ses richesses en gaz et en pétrole. Cette zone tampon constitue en revanche un terrain de rivalités, sinon de conflits, entre les pôles russe, chinois, indien et arabe, comme le montre la récente, mais forte, présence américaine et européenne dans la région, non seulement en raison des hydrocarbures mais aussi dans le but d'assurer le contrôle militaire des mouvements islamistes.
Le monde turco-iranien
Entre Istanbul et la porte de Dzoungarie qui donne accès à la Chine, l'Asie centrale est un ensemble de hautes terres structurées par les très hautes montagnes du Caucase, de l'Alborz, de l'Hindou Kouch, du Pamir et des Tian Chan. Vers le nord, de grands fleuves comme l'Amou-Daria se perdent dans des déserts ou d'immenses lacs intérieurs de basse altitude (lac Balkach, mer d'Aral, mer Caspienne, 28 m sous le niveau des mers) ; vers le sud, les plateaux d'Afghanistan, d'Iran et d'Anatolie sont souvent situés à plus de 1 000 mètres d'altitude.
Ces hautes terres au climat continental ont formé l'écoumène des populations turco-mongoles qui ont envahi la région à partir du xe siècle, pris Bagdad en 1055 et Constantinople en 1453. Tous ces territoires, y compris l'Iran jusqu'en 1923, furent ainsi dirigés par des souverains turcophones. Cette unité va cependant de pair avec de fortes différences entre trois ensembles correspondant, d'après les légendes du Livre des rois de Ferdowsi, au partage de l'empire mythique de Fereydoun entre ses trois fils Salm, Iraj et Tour. Le premier reçut le pays[...]
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Écrit par
- Manuelle FRANCK : professeur des Universités, Institut national des langues et civilisations orientales
- Bernard HOURCADE : directeur de recherche au CNRS
- Georges MUTIN : professeur honoraire de géographie, Institut d'études politiques de Lyon
- Philippe PELLETIER : professeur des Universités
- Jean-Luc RACINE : directeur de recherche au CNRS
Classification
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