ASIE (Géographie humaine et régionale) Espaces et sociétés
L'Asie du développement et de la modernisation
Premier foyer de population mondiale, l'Asie est également l'aire géographique qui connaît la plus forte croissance économique depuis 1985. Contrairement aux sombres prédictions des années 1950, les pays d'Asie méridionale et orientale ne souffrent pas de famine, et ont tous atteint l'autosuffisance alimentaire. Cependant, une sous-alimentation chronique frappe encore le Yémen, l'Afghanistan, l'Irak en guerre, le Bangladesh et la Corée du Nord. Malgré de fortes inégalités sociales et régionales, les indices de développement humain (IDH) sont partout très élevés et les progrès sociaux importants en Asie orientale. En revanche, tous les pays du Moyen-Orient sont importateurs nets de denrées alimentaires et, si les bénéficiaires de la rente pétrolière bénéficient d'un IDH élevé, surtout les petites pétromonarchies (Koweït, Émirats arabes unis, Qatar, Bahreïn), ce n'est pas le cas des autres pays.
Une transition démographique accomplie presque partout
En raison de l'immensité du continent et de la multitude de ses habitants, l'Asie offre des situations démographiques si contrastées, non seulement d'une nation à l'autre mais à l'intérieur d'un même pays, entre régions ou entre villes et campagnes, qu'il faut se méfier des évaluations moyennes et de tout raisonnement simpliste qui en découlerait.
Au sein de deux géants comme la Chine (1,4257 milliard d'habitants en 2023) et l'Inde (1,4286 milliard), la fécondité passe ainsi du simple (dans certaines provinces côtières comme le Zhejiang ou le Liaoning en Chine ; Kerala, Madhya Pradesh en Inde) au triple (Rajasthan, Uttar Pradesh, Bihar en Inde), voire au quadruple (provinces pauvres comme le Guangxi, Xinjiang, Tibet en Chine). Le taux de natalité est désormais trois fois inférieur à la moyenne nationale dans les provinces littorales chinoises. Le sud de l'Inde a connu avant le nord la transition démographique, tandis que l'évolution est plus contrastée au sein du croissant des hautes densités de la plaine indo-gangétique. La croissance démographique concerne surtout le tiers nord-ouest de l'Inde, tandis qu'elle est inférieure à la moyenne nationale dans les deux tiers restants.
Quelques pays connaissent encore un régime démographique ancien (natalité et mortalité élevées) : Yémen, Afghanistan, Népal, Bhoutan, Laos. La plupart des pays asiatiques accomplissent la transition démographique (baisse de la mortalité puis de la natalité) qui a démarré au milieu du xxe siècle pour certains (Turquie), puis au cours des années 1970 pour la majorité d'entre eux (Indonésie, Chine, Inde). La fécondité reste élevée en Arabie Saoudite et au Pakistan, tandis qu'elle s'est effondrée en Chine, avec la politique de l'enfant unique instaurée en 1979. Quelques pays sont en phase post-transitionnelle (mortalité et natalité en baisse) : Japon, Corée du Sud, Taïwan, Hong Kong, Singapour, Sri Lanka, Israël. Si, dans de nombreux pays, la population continue de croître sous l'effet inévitable des nombreuses cohortes arrivées en âge de féconder, le taux de croissance démographique diminue partout fortement. La Chine s'inquiète déjà du vieillissement de sa population, comme le Japon depuis le milieu des années 1980. Un Moyen-Orient proportionnellement jeune, jusqu'au Pakistan inclus, fait contraste, plus quelques autres pays (Philippines). La plupart des pays asiatiques sont confrontés à l'arrivée de millions de jeunes sur le marché du travail.
La culture islamique n'implique pas des comportements démographiques identiques pour tous les pays, ceux-ci se trouvant à différentes phases de l'évolution. La Turquie, le Qatar, les Émirats arabes unis et l'Indonésie sont entrés en phase II de la transition démographique[...]
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Écrit par
- Philippe PELLETIER : professeur des Universités
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Médias
Carte du monde, XIe siècle
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Asie : population
Encyclopædia Universalis France
Palmiers-dattiers à Oman
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