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ASIE (Géographie humaine et régionale) Espaces et sociétés

L'Asie des tensions

L'Asie orientale et méridionale et le Moyen-Orient comptent parmi les zones où les tensions géopolitiques sont les plus vives au monde. Phases de guerre y alternent avec périodes de paix, espaces de stabilité avec îlots de guérillas. Historiquement, les violences collectives sont surtout d'ordre politique en Asie sinisée et en Asie du Sud-Est, religieux en Asie méridionale et au Moyen-Orient. Leur exacerbation est parfois ethnique dans les périphéries, souvent montagneuses, des États (Kurdistan, Afghanistan, Sri Lanka, Birmanie, Papouasie-Nouvelle-Guinée), mais de façon moins marquée dans les espaces sinisés. L'enchevêtrement des civilisations asiatiques, avec leurs philosophies pacifistes ou leurs appels à la guerre sainte, a été exacerbé par la rivalité entre colonialismes et impérialismes, puis entre les différents nationalismes. L'Asie s'est retrouvée sur le front chaud de la guerre dite « froide » (1945-1989).

Jusqu'à la fin du Moyen Âge, Orient et Occident se connaissent mais entretiennent peu de relations. La structuration de l'Asie orientale et méridionale est alors profondément différente de celle de l'Europe, ainsi que de celle, mais dans une moindre mesure, du Moyen-Orient. La convergence s'effectue à partir du « long xvie siècle ». La constitution des États-nations asiatiques sous leur forme moderne, depuis le milieu du xixe siècle jusqu'à nos jours, en est le point culminant. Elle se superpose plus ou moins bien aux anciens cadres : l'antique système radio-concentrique sino-centré, qui fonctionne sur le tribut et l'allégeance culturelle, sinon politique, des pays riverains envers la cour chinoise ; le fonctionnement en réseaux de l'Asie du Sud-Est et du monde indien ; le califat et l'Empire ottoman au Moyen-Orient. Les flux ont structuré les espaces continentaux, à l'image des routes de la soie en Asie centrale ou des réseaux caravaniers de la péninsule indochinoise. Ils ont également organisé les espaces maritimes et insulaires.

L'une des particularités géohistoriques de l'Asie orientale et méridionale, par rapport à l'Afrique, aux Amériques et à l'Europe occidentale réside dans la place de l'esclavagisme. En Asie du Sud-Est, celui-ci est organisé en un système complexe, comme en Thaïlande où les hommes libres sont soumis à de telles contraintes qu'ils préfèrent devenir serfs. L'esclavage relève de la razzia en Chine et en Asie du Sud-Est, et ses contingents sont fournis par les tribus vaincues. Dans les pays très peuplés, le contrôle des hommes l'emporte sur celui des territoires, et les affrontements se concluent par des déplacements de population. La population servile ne portant pas les armes, il fallait la libérer en partie pour constituer des armées. Dans le monde sinisé, l'ampleur du servage et de l'esclavage reste faible.

Les populations locales n'ayant pas été décimées sous le choc colonial, soit directement (guerre, massacre, génocide), soit indirectement (maladie, famine), il n'y a pas eu de repeuplement par l'esclavage. La traite existait au Moyen-Orient, mais elle n'a pas eu un fort impact sur le peuplement de la région. Autrement dit, l'esclavagisme n'a pas marqué la géographie économique, sociale et culturelle de l'Asie, contrairement à d'autres continents, sauf au niveau local ou régional. Les traumatismes identitaires et ethniques qu'il provoque y sont donc moindres qu'ailleurs ; en revanche nombreux sont les drames provoqués par les migrations et les tensions liées au contrôle de lieux saints, surtout dans la partie occidentale de l'Asie, de Jérusalem au Pendjab.

Le croisement des colonialismes, des impérialismes et des nationalismes

L'histoire spatiale de l'Asie est marquée par de multiples croisements.[...]

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Carte du monde, XI<sup>e</sup> siècle - crédits : AKG-images

Carte du monde, XIe siècle

Asie : population - crédits : Encyclopædia Universalis France

Asie : population

Palmiers-dattiers à Oman - crédits : 	Franz Aberham/ Photodisc/ Getty Images

Palmiers-dattiers à Oman

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