ASIE (Structure et milieu) Géologie
Paléogéographie de l'Asie
L'évolution de l'Asie est évidemment commandée par les mouvements tectoniques affectant des bandes assez étroites qui ont connu une évolution en grabens (fossés) plus ou moins complète, se terminant par la formation d'un orogène. Entre ces bandes s'étendent de vastes plates-formes (ou boucliers) autrefois plissées, métamorphisées et arasées, qui ne sont plus affectées que par des mouvements épirogéniques produisant des failles ou des déformations à grand rayon de courbure. La sédimentation y est généralement épaisse et terrigène, accompagnée souvent de métamorphisme, de volcanisme et de montées plutoniques ; elle s'oppose ainsi à la sédimentation épicontinentale plus mince des plates-formes (sauf dans certains fossés d'effondrement), dépourvue de phénomènes métamorphiques, avec un volcanisme plus faible et de type différent.
Du Cambrien à nos jours, on constate une nette permanence dans l'emplacement des bassins successifs. Un premier ensemble méridien, celui de l'Oural, sépare l'Europe de l'Asie et trouve son symétrique, à une bien plus grande échelle, dans l'alignement sinueux qui borde l'Asie à l'est. Un autre ensemble est constitué par des bassins ouest-nord-ouest - est-sud-est, obliques sur les précédents : bassin mésogéen (ou alpin) de la Turquie à l'Inde, bassin du Nanshan. Un dernier groupe de bassins est-nord-est - ouest-sud-ouest parcourt l'Asie centrale de la mer d'Aral au lac Baïkal. On notera que les parallélismes au sein des différents ensembles n'impliquent nullement un synchronisme. La mise en place sur la carte de bassins successifs, pour grossière qu'elle soit en l'absence d'un déplissement par la pensée des édifices orogéniques en remontant dans le passé, confirme cependant cette conception d'une permanence des grands traits de l'Asie, qui a peut-être constitué dès le Précambrien un vaste ensemble continental.
Cambrien (540-500 Ma)
Au Cambrien inférieur (plus tôt, tout essai de reconstitution est prématuré), les terres émergées occupent quatre boucliers qui sont : au nord-ouest le bouclier-sibérien, à l'est celui de la Kolyma, puis, s'intercalant entre eux, un bouclier mongol qui se prolonge vers le nord par celui de l'Angara, encadré par deux bras de mer l'un nord-est - sud-ouest allant du Turkestan au Taïmyr, l'autre nord-sud de la mer Jaune à la mer des Laptev. Séparant les cratons mongol et angarien s'allongeait du lac d'Aral à l'Amour le bassin tartare ouest-sud-ouest - est-nord-est. Plus au sud, un bras de mer mésogéen isole le bouclier mongol de l'Inde et d'une terre occupant l'Insulinde et le sud-est de la Chine (Aequinoctia). Au Cambrien moyen, le bassin tartare s'étend vers le nord jusqu'à la Novaïa Zemlia, bordé au nord-ouest par un bras de mer ouralien, tandis que des phénomènes volcaniques importants se manifestent dans sa partie centrale (Salaïr). Le bassin himalayen s'étend vers l'est et les boucliers mongol et angarien se soudent au bouclier sibérien. Pendant le Cambrien supérieur, peu de modifications se produisent, le bassin tartare achève de se plisser (orogenèse baïkalienne). En ce qui concerne la faune, on note au Cambrien inférieur des affinités entre les faunes américaines et chinoises de Trilobites. Au Cambrien moyen, la faune sibérienne de Trilobites est de type mixte, les formes atlantiques venant par la Novaïa Zemlia. Les faunes de Trilobites d'Extrême-Orient montrent au nord de la Corée une influence américaine, atlantique au sud via la Mésogée.
Ordovicien (500-435 Ma)
À l'Ordovicien inférieur, le bras de mer ouralien s'approfondit, tandis qu'une mer étroite, remplie de lagunes à Cyanophycées, prend en écharpe le bouclier sibérien du nord-ouest au sud-est,[...]
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Écrit par
- Louis DUBERTRET : directeur honoraire de recherche au C.N.R.S.
- Guy MENNESSIER : professeur titulaire de la faculté des sciences de l'université de Picardie
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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