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ASKIA MOHAMMED (1443-1538) empereur du Songhaï (1493-1529)

À peine Sonni Ali est-il mort (1492) que l'empire Songhaï connaît un changement de dynastie. Son fils, Sonni Baro, est évincé par la faction pro-islamique de son armée dès 1493. L'empereur, Mohammed Silla ou Touré, prend le titre d'askia et fonde une nouvelle dynastie. Il adopte une politique d'islamisation, s'entoure de lettrés originaires de Tombouctou et, une fois que son autorité est suffisamment assise, il entreprend le pèlerinage à La Mecque (1496-1497). Après Sonni Ali, Askia Mohammed est l'organisateur de l'empire Songhaï. Imposant son autorité jusqu'au Sénégal, il isole le Mali moribond et défait les Peuls du Fouta-Toro. À l'est, il étend son pouvoir sur le Dendi et sur une partie du pays haoussa, bat les Touareg et s'empare d'Agadès. Cet immense empire est divisé en quatre vice-royautés et plusieurs gouvernorats. Une armée de métier, formée d'esclaves et de prisonniers de guerre, est constituée et assure le maintien de l'ordre dans tout le pays. Une flottille sur le Niger, axe politico-économique de l'empire, complète le dispositif militaire.

Pour améliorer les rendements de l'agriculture, Askia Mohammed ordonne des travaux d'irrigation le long du Niger et fait venir des jardiniers juifs du Touat. Il unifie les poids et mesures dans tout l'empire. Les salines de Taghaza, qui sont sous son contrôle, fournissent tout le Soudan en sel. Des commerçants tripolitains s'installent à Tombouctou et à Gao. Mais, malgré cette organisation politique et économique complexe, le Songhaï ne maintient son unité qu'au prix d'expéditions incessantes sur des confins toujours en révolte. Des populations entières sont massacrées ou emmenées en esclavage par les armées d'Askia. Le Songhaï ne résiste à ces forces divergentes que grâce à l'efficacité de son organisation militaire.

En 1529, âgé de quatre-vingt-six ans, presque aveugle, Askia Mohammed est déposé par Moussa, l'un de ses fils. À sa mort en 1538, il laisse un empire immense mais menacé et qui s'effondrera un demi-siècle plus tard.

— Alfred FIERRO

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Écrit par

  • : archiviste-paléographe, conservateur à la Bibliothèque nationale

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