MASKHADOV ASLAN (1951-2005)
Dirigeant indépendantiste tchétchène non radical, le président Aslan Maskhadov a été tué par les services de sécurité russes le 8 mars 2005 dans le petit village de Tolstoï-Yurt, à 15 kilomètres au nord de la capitale tchétchène, Grozny. Sa disparition laisse les faucons de Moscou et les islamistes radicaux tchétchènes face à face.
Aslan Maskhadov est né le 21 septembre 1951 dans le district de Karaganda au Kazakhstan (U.R.S.S.). Sa famille, originaire de Zébir-Yurt en Tchétchénie, avait été déportée comme l'ensemble du peuple tchétchène et cinq autres peuples nord-caucasiens par Staline en 1944. En 1957, un an après le rapport Khrouchtchev, la république autonome de Tchétchéno-Ingouchie est rétablie. La famille Maskhadov rentre alors au pays.
Après des études au collège militaire d'artillerie de Tbilissi en Géorgie, Aslan Maskhadov sert en Extrême-Orient soviétique de 1972 à 1978. Il intègre ensuite l'académie militaire d'artillerie de Leningrad. Devenu officier, il est muté en Hongrie puis, avec le grade de colonel, il est envoyé en Lituanie. C'est lui qui va diriger l'assaut sanglant de l'Armée rouge contre la télévision autonomiste de Vilnius en 1990.
À la disparition de l'U.R.S.S., le général d'aviation Djokhar Doudaev proclame l'indépendance de la Tchétchénie, le 1er novembre 1991. Après la courte guerre tchétchéno-ingouche en 1992, Maskhadov rejoint Grozny et démissionne de l'Armée rouge en décembre de la même année. Il devient un des cadres de la jeune armée tchétchène, dont il est nommé chef d'état-major en juin 1994.
Le 11 décembre 1994, le président russe Boris Eltsine lance la première guerre de Tchétchénie. Maskhadov organise alors, avec succès, la résistance. Quand le président Doudaev est tué par un missile russe le 21 avril 1996, Maskhadov devient la personnalité la plus importante de cette petite république indépendantiste. À la tête de ses hommes, il reprend Grozny le 6 août 1996. Après avoir échappé à deux attentats, il signe avec le général russe Alexandre Lebed, représentant spécial du président Eltsine, les accords de cessez-le-feu de Khassaviourt, au Daghestan voisin, le 31 août 1996. Cet accord officialise le retrait de l'armée russe de Tchétchénie. Pendant trois ans, cette petite république sera de facto indépendante.
Le 27 janvier 1997, à l'issue d'élections libres, Maskhadov est élu président de la République avec plus de 60 p. 100 des voix, contre son concurrent islamiste intégriste Chamil Bassaev. Le président nouvellement élu est reçu le 12 mai au Kremlin par Boris Eltsine, pour signer un accord de paix permettant de trouver une voie pacifique au statut de la Tchétchénie. Ce traité déplaît tant au F.S.B. (le successeur du K.G.B.) qu'aux islamistes de Bassaev. Ces derniers multiplient alors les provocations.
Quelques mois avant la fin de son mandat, Eltsine se lance dans la deuxième guerre de Tchétchénie, en septembre 1999. Maskhadov prend alors le maquis et tente d'organiser la résistance sans tomber dans la dérive des islamistes. En 2000, le nouveau président Vladimir Poutine accentue la répression et installe à la place de Maskhadov un administrateur pro-russe (qui sera élu président en 2003), Akhmad Kadyrov, l'ancien grand mufti de Tchétchénie, lié aux mafias.
Après la tragique prise d'otages perpétrée par des extrémistes tchétchènes dans l'école de Beslan en Ossétie du Nord, le 1er septembre 2004, Aslan Maskhadov avait réussi, en février 2005, à imposer un cessez-le-feu aux commandants des maquis. Preuve de son influence, il fut écouté. Services de sécurité russes et islamistes radicaux ont donc décidé de s'allier pour éliminer la dernière personne qui aurait pu ramener un minimum de calme dans cette région.
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Écrit par
- Christophe CHICLET
: docteur en histoire du
xx e siècle de l'Institut d'études politiques, Paris, journaliste, membre du comité de rédaction de la revueConfluences Méditerranée
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Autres références
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BASSAEV CHAMIL (1965-2006)
- Écrit par Christophe CHICLET
- 595 mots
Le chef de guerre tchétchène Chamil Bassaev est né dans le village de Vedeno, dans le sud de la Tchétchénie en 1965. Étudiant dans une université technique de Moscou, il en est renvoyé pour cause de mauvais résultats en 1988. Avec la perestroïka, il se lance dans le commerce, mais fait faillite....
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TCHÉTCHÉNIE RÉPUBLIQUE DE
- Écrit par Encyclopædia Universalis
- 1 075 mots