CARSTENS ASMUS JAKOB (1754-1798)
Peintre et dessinateur danois-allemand ; né dans un village qui se trouvait alors au Danemark, mais qui appartient aujourd'hui à l'Allemagne, Asmus Jakob Carstens est revendiqué par les deux pays. Il se forme dans le climat esthétique de l'académisme nordique, à Copenhague, où il est l'élève d'Abildgaard, puis il voyage en Italie (1783), en particulier à Mantoue, où il étudie l'œuvre de Jules Romain au palais du Té. De retour en Allemagne en 1783, il se fixe d'abord à Lübeck puis à Berlin, où il devient, en 1790, professeur à l'Académie. Après un court séjour à Copenhague, il retourne à Rome (1792), où il demeure jusqu'à sa mort.
Son œuvre est un des produits les plus caractérisés du néo-classicisme des années 1790-1800. Carstens répudie non seulement l'organisation de l'espace et de l'écriture baroque, mais jusqu'au classicisme encore trop éclectique de Mengs : élimination des effets de couleur et d'atmosphère ; rejet de la peinture à l'huile et de son illusionnisme au profit du dessin, de l'aquarelle, de la détrempe ; extrême simplification des structures spatiales par le retour au cube perspectif du Quattrocento sous sa forme la plus épurée, abolition du clair-obscur ; réduction des objets et même des paysages à un contour immatériel ; répertoire cosmogonique syncrétique, nourrissant un symbolisme original et obscur ; adoption de schémas de composition provenant du maniérisme et de la miniature médiévale (La Naissance du jour, 1794, Schlossmuseum, Weimar ; Bataille des Dieux et des Géants, 1795, Kunstmuseum, Bâle ; série de gravures des Argonautes, 1796, etc.). Par son austérité morale et son extrême rigueur plastique, comme par de nombreuses analogies de détail, cet art s'apparente non seulement à celui de Flaxman, mais à celui de Blake. Carstens exerça une influence considérable sur Thorvaldsen et sur les nazaréens. L'exposition particulière de ses œuvres, à Rome, en 1795 (acte d'indépendance révolutionnaire pour l'époque, par lequel Carstens préfigure encore Blake et son exposition de 1809 à Londres), fut saluée par ses admirateurs comme le « baptême de l'art régénéré ».
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Écrit par
- Pierre GEORGEL : conservateur en chef du Patrimoine
Classification
Autres références
-
NÉO-CLASSICISME, arts
- Écrit par Mario PRAZ et Daniel RABREAU
- 8 074 mots
- 13 médias
On retrouve cette tendance dans le dessin au trait adopté par Asmus Jakob Carstens et John Flaxman : le pur contour des lignes, que n'estompe aucun clair-obscur, était ce que l'on admirait le plus dans les statues antiques, avant même la « noble simplicité et la calme grandeur » exaltées par ...