AŚOKA ou AÇOKA (IIIe s. av. J.-C.)
La découverte des Inscriptions
Les Inscriptions d'Aśoka, datant du iiie siècle avant notre ère, sont les plus anciennes que l'on ait trouvées sur le sol indien. Elles révèlent aussi, pour la première fois, l'usage de l'écriturebrāhmī qui se lit de gauche à droite ; dans le Nord-Ouest, toutefois, elles sont gravées en kharoṣṭhī qui se lit de droite à gauche, ou en araméen.
Dictées par Aśoka lui-même, et bien antérieures aux légendes bouddhiques, ces Inscriptions ne seront déchiffrées qu'à partir de 1837, quand un fonctionnaire de l'administration civile de Bénarès, James Prinsep, découvrira la clé d'un alphabet jusque-là mystérieux. Car ce texte n'était rédigé ni en pāli ni en sanskrit, mais en māgadhī, langue prakrite de type oriental, sans doute apparentée à l'idiome de la chancellerie impériale de Pātaliputra et qui devait d'ailleurs être adaptée, au-delà des pays du Magadha, aux parlers locaux. Prinsep put alors dégager le sens des mots gravés sur deux colonnes de grès rose situées l'une à Delhi, l'autre à Allahabad. L'année suivante, en 1838, il identifiait deux séries d'édits sur des rochers (à Girnar au Kathiawar et à Dhauli sur la côte orientale de l'Inde). Et, depuis cette époque, les découvertes de rochers et de piliers portant des inscriptions se sont multipliées dans toute l'Inde. Certains des Édits les plus occidentaux sont bilingues, en grec et araméen ou même en araméen et moyen indien. Il en a été trouvé dans le bazar de Kandahar, en Afghanistan, en 1964, après le déchiffrement en 1958 d'une inscription rupestre (en grec et araméen) dans cette même région, où plusieurs fragments ont été depuis découverts. Ils attestent l'extension de l'empire d'Aśoka jusqu'en Arachosie et l'importance de l'implantation hellénique en ce pays, au milieu du iiie siècle avant J.-C.
Aśoka se considérait comme chargé d'assurer le bonheur du peuple. Pour atteindre tous ses sujets qu'il considérait comme ses enfants, il ordonna la diffusion de ses Édits dans toute l'étendue de son empire ; ainsi leur découverte permet-elle d'en déceler les limites.
Pour compléter les Inscriptions gravées sur rocher, Aśoka fit élever des piliers monolithes en grès poli avec chapiteaux sculptés pour recueillir ses ordonnances. La plus célèbre de ces colonnes fut élevée à Sārnāth, dans le parc aux Gazelles, à l'endroit même où le Bouddha fit son premier sermon. Couronnée par un lotus renversé soutenant un socle où cheval, zébu, lion et éléphant alternent avec les quatre roues bouddhiques, et où prennent appui les trois lions debout que devait surmonter la Roue de la Loi, elle est le symbole même de la force paisible. Un grand nombre de chapiteaux représentent avec la plus grande perfection tour à tour un zébu, un lion, un éléphant ou un cheval. Ils témoignent d'un art animalier inspiré par la technique assyro-achéménide, mais annoncent déjà un style véritablement indien où la « tendresse bouddhique » semble avoir apaisé la « violence assyrienne ». Les grandes périodes d'Ellora et de Māvalipuram sont ainsi préfacées.
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Écrit par
- Marie-Simone RENOU : membre de l'École française d'Extrême-Orient, diplômée de l'École pratique des hautes études
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