ĀŚRAM ou ASHRAM
Des āśram pour toutes les quêtes
Il existe sur le sol de l'Inde moderne des milliers d'āśram. Mais, selon Jean Herbert, « tout âshram est un centre de recherche spirituelle [...] comme chaque maître est libre d'organiser la vie de son âshram comme il l'entend [...], on ne peut pas dire grand-chose qui s'applique à tous les âshrams ». Certains, tels les matha des Lingāyat du Karnātạka, sont fort anciens. D'autres sont plus récents. Parmi ceux-ci, celui de Belur, maison mère d'une centaine d'autres, fut fondé par Vivekānanda sur le modèle des résidences des Jésuites. Comme celles-ci, ces āśram abritent un ordre de missionnaires, mais qui est destiné à prêcher l'hindouisme dans toutes les régions de l'Inde et dans le monde entier ; comme elles, ils dirigent des œuvres de charité ou d'éducation. Plus militants encore sont les āśram de la société Anand Mārg, qui, elle aussi, a de nombreuses branches à l'étranger. L'un des āśram les plus célèbres reste celui de « la Mère » de Pondichéry, qui survit difficilement depuis la mort de sa fondatrice en 1973. Il existe enfin une nouvelle génération d'āśram en Inde, qui a été suscitée par l'engouement des Occidentaux pour les spiritualités indiennes et qui va de l'āśram de Muktānanda près de Bombay à ceux du Riśi Mahayogi dans les Himālayas en passant par celui de Rājnesh, qui devait quitter Pouné où il a suscité une réaction de rejet de la part de la population locale.
Parmi les āśram récents, les plus traditionnels et sans doute les plus influents sont ceux qui ont été fondés par Gandhi ou ses disciples. L'écrivain Ved Mehta, qui n'est pas gandhien, décrit, trente ans après la mort du fondateur, la vie de l'āśram de Sevagram, près de Wardha : on y mène une vie de prière, d'ascèse et de travail. Du coup de gong du réveil, à 4 heures du matin, jusqu'à l'extinction des feux à 9 h 30 du soir, chacun suit un horaire à la fois très strict et très libre. La communauté se rassemble pour les prières du matin et du soir et pour les deux repas : le reste du temps, chacun se consacre à son travail, domestique, manuel ou intellectuel, selon sa propre initiative. Les repas sont végétariens, le vin est interdit, le café et le thé sont déconseillés. Ces āśram gandhiens sont sans doute les communautés les plus œcuméniques du monde. La prière du matin inclut des textes de toutes les religions que chacun mémorise ; des chrétiens ou des musulmans peuvent devenir membres de tels āśram. Pendant de longues années, une religieuse catholique vécut dans l'āśram de Vinobā Bhavé près de Paunar, qui accueillit aussi pendant plusieurs jours Ivan Illich.
Par la suite, plusieurs chrétiens ont à leur tour fondé des āśram : tels Murray Rogers à Barelly, par exemple, et, plus connus encore, deux prêtres catholiques, Jules Monchanin et Henri Le Saux, près de Tiruchirapalli. Ce dernier, décédé en 1973, a laissé de sa vie d'âshramite des œuvres de la plus haute mystique.
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Écrit par
- Guy DELEURY : Ph. D., Poona University, Inde, écrivain
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