CONSTITUANTE ASSEMBLÉE NATIONALE (1789-1791)
Réunis en mai 1789 pour résoudre la crise financière qui ébranle la vieille monarchie française, les états généraux se proclament Assemblée constituante, le 9 juillet 1789. C'est souligner la volonté des députés de donner à la France de nouvelles institutions. Dans le Point du jour, Barère ne leur prédit-il pas : « Vous êtes appelés à recommencer l'histoire » ? Le mot est juste. En dépit des vicissitudes politiques (insurrections du 14 juillet et du 5 octobre, fuite du roi, troubles agraires), la Constituante a fait entrer en application dans son œuvre de régénération de l'État les principes des philosophes et des économistes du xviiie siècle. Dans la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, elle a proclamé un certain nombre d'idées nouvelles : égalité, liberté, sûreté, résistance à l'oppression. Mais, dans la réalité, les constituants ont apporté de nombreuses restrictions à ces principes. Certes, l'assemblée, grâce à la valeur de ses membres (de Mirabeau à Sieyès, de Mounier à Robespierre, de Malouet à Brillat-Savarin), a accompli une œuvre gigantesque : première constitution écrite de la France, organisation du pays en départements, districts, cantons et communes, mise sur pied d'une administration financière plus rationnelle ; elle a aboli la féodalité lors de la nuit du 4 août, proclamant la fin des privilèges, le libre accès de tous aux emplois, la disparition de la vénalité des offices, la suppression des corvées.
En fait, bien des ombres apparaissent dans cette œuvre : l'esclavage n'a pas été supprimé ; la loi Le Chapelier a refusé aux ouvriers le droit de se coaliser et a considéré la grève comme un délit ; le suffrage n'a pas été universel par suite de la distinction entre citoyens actifs et citoyens passifs. Avec la création des assignats, la Révolution s'est trouvée engagée dans la voie de l'inflation ; la constitution civile du clergé a créé les éléments d'un schisme religieux. L'œuvre de la Constituante a été inspirée en définitive par un seul souci : détruire l'Ancien Régime, pour assurer la prépondérance sociale de la bourgeoisie.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean TULARD : professeur à l'université de Paris-IV-Sorbonne
Classification
Autres références
-
ABOLITIONNISME, histoire de l'esclavage
- Écrit par Jean BRUHAT
- 2 943 mots
- 3 médias
...de l'opinion publique. D'ailleurs, les problèmes coloniaux, en général, occupent une place très réduite dans les travaux de l'Assemblée constituante. Ce qui intéresse la Constituante dans ce domaine, c'est le statut des hommes de couleur libres que les colons entendent priver de droits... -
ALSACE PRINCES POSSESSIONNÉS D'
- Écrit par Ghislain de DIESBACH
- 661 mots
Lors de la réunion de l'Alsace à la France, sous Louis XIV, il avait été précisé que les fiefs appartenant à des souverains étrangers ne relèveraient pas du droit français, notamment en matière d'impôts et de douanes.
En voulant appliquer les décrets du 4 août 1789 sur l'abolition...
-
ASSIGNATS
- Écrit par Michel EUDE
- 493 mots
- 1 média
Le 2 novembre 1789, l'Assemblée constituante décide que les biens du clergé seront « mis à la disposition de la nation » pour rembourser la dette de l'État. Mais il est nécessaire de mobiliser ce capital évalué à quelque trois milliards de livres. Le 19 décembre, l'Assemblée crée une Caisse de...
-
BARÈRE DE VIEUZAC BERTRAND (1755-1841)
- Écrit par Jean TULARD
- 593 mots
L'« Anacréon de la guillotine », tel fut l'un des nombreux surnoms de Barère. Il résume bien les contradictions de ce « petit-maître » du xviiie siècle, qui appartint au grand Comité de salut public de l'an II et dont Napoléon, après l'avoir utilisé, devait parler avec mépris...
- Afficher les 30 références