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DJEBAR ASSIA (1936-2015)

Assia Djebar - crédits : Sophie Bassouls/ Sygma/ Getty Images

Assia Djebar

Née Fatma Zohra Imalhayène le 30 juin 1936 à Cherchell, à l'ouest d'Alger, l'écrivain de langue française Assia Djebar adopte son pseudonyme lors de la publication de son premier roman, La Soif, en 1957, alors qu'elle n'a pas encore vingt ans. Dans les années qui suivent, elle va mener à bien une œuvre impressionnante, couronnée par de nombreux prix littéraires internationaux – notamment le prix littéraire international Neustadt en 1997 et le prix de la paix des libraires allemands à Francfort en 2000 – et des postes dans des universités renommées aux États-Unis. Élue membre de l'Académie française en juin 2005, elle réagit en prononçant les mots suivants : « J'étais contente pour la francophonie du Maghreb. » Assia Djebar figure parmi les auteurs maghrébins les plus connus aujourd'hui dans le monde entier où ses romans, pièces de théâtre, poèmes et essais, traduits en plus de vingt langues, contribuent au rayonnement de la littérature contemporaine en français.

Nomade entre les murs

Le père d'Assia Djebar est instituteur de langue française. C'est en grande partie grâce à lui qu'elle fréquente l'école française dès le plus jeune âge. Selon l'analyse de l'auteur, l'école lui permet d'échapper au harem et au voile réservés aux autres Algériennes à l'âge nubile. Après avoir passé le baccalauréat et suivi la classe d'hypokhâgne en Algérie, elle vient en France en octobre 1954 pour poursuivre ses études en khâgne à Paris. L'année suivante, elle est la première Algérienne à entrer à l'École normale supérieure, où elle décide d'étudier l'histoire. Cette formation aura une influence indéniable sur son œuvre romanesque, marquée par un souci historique et une réelle connaissance des archives, même si Assia Djebar ne mène pas à leur terme ses études à Paris. Après avoir fait la grève des examens pour protester contre les « événements » de la guerre d'Algérie, elle se voit contrainte de quitter l'E.N.S. en 1958. Elle entame un doctorat d'histoire sous la direction de l'islamologue Louis Massignon, côtoie l'historien Charles-André Julien et l'orientaliste spécialiste du Maghreb Jacques Berque. Assia Djebar est de retour au Maghreb de 1959 à 1980. Pendant cette période, elle enseigne d'abord l'histoire à la faculté des lettres de Rabat, puis la littérature et le cinéma à Alger. En 1980, elle s'établit une deuxième fois en France et se consacre essentiellement à l'écriture avant d'accepter un poste de professeur à Louisiana State University de Bâton Rouge où elle dirige un Centre d'études françaises et francophones. Depuis 2001, elle enseigne à New York University où elle porte le titre prestigieux de Silver Chair Professor.

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Écrit par

  • : assistant professor, littérature française et francophone, université de Notre Dame (États-Unis)

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Média

Assia Djebar - crédits : Sophie Bassouls/ Sygma/ Getty Images

Assia Djebar

Autres références

  • FRANCOPHONES LITTÉRATURES

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    ...arabo-musulmane, la culture berbéro-maghrébine et l’histoire conflictuelle et interculturelle France-Maghreb. Le statut de la femme imprime des silences ou des expériences inédites au cœur de ces créations, comme on peut en juger par les œuvresd’Assia Djebar, de Malika Mokeddem ou de Leïla Sebbar.
  • MAGHREB - Littératures maghrébines

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    ...Nedjma est un roman où la quête du passé, l'amour et le mythe de l'origine favorisent, par une écriture nouvelle, la recherche d'un Maghreb qui doit surgir des chaos de l'histoire.Assia Djebar entame son itinéraire de création par un récit très controversé La Soif (1957).