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ASSIMILATION SOCIALE

Critères d'une assimilation réussie

Quels sont donc les critères qui permettent de mesurer la réussite du processus d'assimilation ?

Une immense littérature a essayé de répondre à cette question. On a retenu : l' acculturation, l' intégration totale et satisfaisante des candidats et la dispersion complète des candidats en tant que groupe au sein des principales sphères institutionnelles de la société d'accueil. Aussi bien peut-on dire que moins le candidat affirme dans la société une identité spécifique, mieux il s'y fond et plus complète est son absorption. L'importance des trois indices varie selon les auteurs.

Le premier critère, l'acculturation, permet d'évaluer la facilité avec laquelle le candidat apprend les nouveaux rôles que l'on attend de lui, les normes et les coutumes de la société.

Le deuxième, l'intégration, permet d'apprécier la façon dont son nouvel entourage affecte la personnalité du candidat, sa tranquillité, ses facultés de résoudre les problèmes variés qu'engendre la situation nouvelle où il se trouve. Il va de soi que toute tentative d'assimilation comporte bien des difficultés et bien des frustrations pour l'immigrant et que c'est précisément le degré d'adaptation à sa situation qui indique le succès de l'entreprise dans son ensemble. On attache une particulière importance aux symptômes de désintégration de la personnalité : suicide, délinquance, crime, maladies mentales, crises familiales, etc., qui affectent le processus d'assimilation d'un signe négatif.

Le troisième critère, la dispersion, permet d'évaluer un ensemble différent de phénomènes. Il s'applique au groupe des nouveaux venus en tant que tels et à la place qu'il occupe désormais au sein de la société. On dit que l'absorption n'est pas complète aussi longtemps que les nouveaux venus n'ont pas cessé de posséder une identité séparée au sein de la société renouvelée. S'il n'en est pas ainsi, le groupe servira évidemment de point de ralliement aux tendances séparatistes, aux coagulations de groupes particularistes. D'où la naissance de tensions entre groupes. Cette perte totale d'identité constitue donc le meilleur indice d'absorption totale. On met l'accent sur le degré de dispersion ou de concentration des nouveaux venus parmi les institutions de la société. Si les nouveaux venus se concentrent en un secteur, par exemple, de la sphère économique, ou bien forment des partis politiques ou des fractions de parti qui leur soient propres, s'ils restent écologiquement séparés, s'ils maintiennent leurs propres activités culturelles et « sociales », cette ségrégation contribue à leur conserver une identité particulière et leur impose en quelque sorte un ensemble de caractéristiques. C'est grâce à ce facteur, en même temps que grâce au premier, l'acculturation, que le concept du melting pot, du « creuset », que l'on trouve dans les études consacrées à l'américanisation, s'est imposé. On a été amené à penser que l'existence de communautés ou de groupes « ethniques » distincts prouve un échec relatif du processus d'assimilation et permet de prédire la naissance de tensions sociales.

On n'attache pas moins d'importance au degré d'« interaction sociale » ou de « proximité sociale » entre les anciens immigrants et les nouveaux. L'interaction ne doit pas se limiter à des relations superficielles. Elle doit se produire pleinement au niveau moins perméable des groupements spontanés et des « cliques ».

Le troisième indice, celui de la dispersion, semble aller de soi, du point de vue de la simple logique. En réalité, il ne joue qu'à titre exceptionnel. Tout processus d'assimilation opéré sur une grande échelle provoque,[...]

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