- 1. Caractéristiques principales du processus d'assimilation sociale
- 2. Critères d'une assimilation réussie
- 3. Points de tension dans le processus d'assimilation
- 4. Types de transformation des groupes de candidats à l'assimilation
- 5. Quelques types caractéristiques de groupes de candidats à l'assimilation
- 6. Raisons d'une heureuse ou d'une malheureuse assimilation
- 7. Quelques structures sociales complexes résultant du processus d'assimilation
- 8. Bibliographie
ASSIMILATION SOCIALE
Points de tension dans le processus d'assimilation
Quels que soient les différents critères d'une assimilation réussie, il n'en reste pas moins que certaines tensions paraissent inhérentes au processus d'assimilation. Souvent, on voit se produire diverses manifestations : échec de l'institutionnalisation, puis tension au sein de la société d'accueil. Par suite, le comportement des nouveaux venus se modifie au-delà des limites prescrites.
En principe, ces tensions ne sont pas d'une nature différente de toutes celles, désintégratives, anomiques, que l'on trouve en chaque société. L'immigration n'engendre aucun type de comportement qui n'existe déjà ailleurs. Mais, en raison de certaines conditions inhérentes au processus d'assimilation, certains phénomènes de désintégration ont particulièrement tendance à se produire en de semblables circonstances.
Dans l'ensemble, on voit naître des indices de désintégration individuelle, de refus de participation, d'atteinte aux diverses normes institutionnelles, ou de développement inadéquat de sentiment de solidarité avec le nouveau système social. Ces symptômes sont liés au processus complexe suivant lequel se fait l'institutionnalisation du comportement des nouveaux venus – développement d'un ensemble social « pluraliste » inédit au sein de la société d'accueil.
Premièrement, la désintégration individuelle peut suivre la rupture des groupes primaires des nouveaux venus.
Deuxièmement, il peut exister diverses sortes d'agressions envers les normes acceptées, agressions suivies de récidives. Un tel comportement peut s'exercer soit à l'intérieur du groupe des nouveaux venus (conflits entre générations), soit vers certains groupes « extérieurs » appartenant à la société d'accueil. La violation des normes peut prendre la forme d'un comportement criminel ou semi-criminel. On cherche à acquérir pouvoir, prestige. La fin passe avant les moyens et l'on oublie qu'il existe des possibilités conventionnelles de l'atteindre. L'argent, les vêtements qu'il procure apparaissent comme la valeur suprême ; autrement dit, il y a malentendu entre le rôle proposé et le rôle accepté, refus d'obéir aux règles reçues.
Troisièmement, et ce n'est pas ce qui compte le moins dans ce cas, l'identification et la solidarité avec la structure d'accueil ne jouent pas. Cette inadéquation peut revêtir différentes formes : une apathie totale à l'égard des valeurs essentielles et des symboles de la société nouvelle, une mauvaise volonté évidente à demeurer en contact avec les dépositaires de ces valeurs alors qu'ils ne demandent qu'à les partager, d'où « réclusion » au fond des zones les plus reculées de la vie sociale ; le groupe des nouveaux venus peut aussi opposer son particularisme de façon agressive aux symboles essentiels de la société d'accueil. Cette dernière revendique de leur part un geste d'allégeance qu'elle n'obtient plus (comme dans le cas de certains mouvements « nativistes »), ce qui crée certaines tensions inter-groupes ; il peut enfin y avoir identification « verbale » avec la société d'accueil, mais refus d'assumer les exigences de cette identification : le nouveau venu souhaite être reçu comme membre de la nouvelle collectivité sans tenir le rôle qu'elle attend de lui ; il met l'accent sur le rituel plutôt que sur l'action.
Ainsi donc, au sein du groupe « ethnique », les divers rôles que la nouvelle société a prévus pour lui ne sont pas remplis ; ou les spécificités cultivées par ces groupes sont au-delà des limites fixées par la société d'accueil ; elles requièrent à présent pour elles-mêmes préséance, loyauté, solidarité totales et exclusives. Les immigrants[...]
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Écrit par
- Shmuel Noah EISENSTADT
:
professor of sociology , The Hebrew University of Jerusalem
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