- 1. Caractéristiques principales du processus d'assimilation sociale
- 2. Critères d'une assimilation réussie
- 3. Points de tension dans le processus d'assimilation
- 4. Types de transformation des groupes de candidats à l'assimilation
- 5. Quelques types caractéristiques de groupes de candidats à l'assimilation
- 6. Raisons d'une heureuse ou d'une malheureuse assimilation
- 7. Quelques structures sociales complexes résultant du processus d'assimilation
- 8. Bibliographie
ASSIMILATION SOCIALE
Quelques types caractéristiques de groupes de candidats à l'assimilation
Le processus de transformation des groupes de candidats à l'assimilation va donner naissance dans la société d'accueil à bien des types différents. Il serait évidemment impossible d'analyser ici tous les types qui ont été décrits dans les études consacrées à ce sujet. On s'est limité ici aux plus intéressants, à ceux qui ont une valeur exemplaire.
On les distingue généralement selon que le groupe est restreint, centré sur l'unité familiale, ou au contraire plus étendu, selon qu'il choisit telle ou telle orientation dans son pays d'adoption. Il faut distinguer en particulier, entre les types suivants : la famille isolée adoptant une attitude passive, la famille isolée mais stable, la famille stable et active, les groupes traditionalistes cohérents, les groupes cohérents, évolutifs et modernes, les groupes cohérents au niveau instrumental.
Du point de vue de l'institutionnalisation, le comportement de la famille isolée adoptant une attitude passive est, sans doute, le plus négatif qui soit. Une telle famille vit, en quelque sorte, en marge du système et n'en franchit que rarement les bornes. Les liens de solidarité et d'activité du groupe se relâchent rapidement dès lors que ses aspirations « ritualistes » ne sont pas satisfaites, son système de valeurs mis en question. Un sentiment de résignation ou au contraire d'agression domine son comportement et affecte les rapports entre ses membres. Leur participation sociale est marquée d'instabilité, reste sporadique et se limite aux activités et aux relations essentielles avec la société d'accueil, à la satisfaction des seuls besoins élémentaires. Ces groupes ont perdu la faculté d'élargir leur cercle. Ils se comportent comme s'il n'existait pas d'autres structures plus larges. En conséquence, la somme de leurs activités dans les différentes sphères – économique, culturelle, etc. – est réduite au minimum et il leur est presque impossible de s'assurer une situation au sein de la nouvelle société. Ils refusent en général de s'y identifier.
La famille isolée mais stable se caractérise par sa solidarité interne ; mais sa participation se limite au groupe auquel elle appartient ; elle s'étend cependant quelquefois à la vie professionnelle. Des relations de voisinage peuvent se créer autour du foyer, du lieu de travail ou du culte, mais elles n'atteignent pas le stade de l'adhésion à un parti politique ou à un syndicat. Le groupe familial constitue un pôle de continuité au cours du processus d'installation et fait progressivement évoluer son système de valeurs pour s'adapter à la situation nouvelle. Il cherche à s'assurer une certaine sécurité pécuniaire, une ascension sociale modeste, un niveau de vie estimable, un certain enrichissement culturel. D'ailleurs, les perspectives d'avenir pour les enfants sont très favorables. Les aspirations de ces familles s'adaptent aux possibilités que leur offre la société nouvelle et elles ne demandent qu'à apprendre quelques-uns des rôles, sinon tous, qui leur permettront d'atteindre leurs buts. Elles tendent à s'identifier avec leur pays d'adoption tout en conservant leurs différences. Mais elles limitent leur curiosité à leurs nécessités immédiates, familiales et économiques, et ne s'attachent guère à découvrir les concepts généraux de la société d'accueil.
La famille stable et active se caractérise par la distance qu'elle prend vis-à-vis des autres immigrants, des autres nouveaux venus. Elle participe activement aux organisations politiques nouvelles, elle en adopte les nouvelles formes de langage. Elle s'identifie nettement à la société qui l'absorbe, mais une nette différenciation apparaît toujours entre[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Shmuel Noah EISENSTADT
:
professor of sociology , The Hebrew University of Jerusalem
Classification
Autres références
-
AMÉRIQUE (Structure et milieu) - Géographie
- Écrit par Jacqueline BEAUJEU-GARNIER , Danièle LAVALLÉE et Catherine LEFORT
- 18 105 mots
- 9 médias
L'assimilation se fait rapidement pour ceux qui trouvent un métier. Au Canada, 57 p. 100 des habitants reconnaissent l'anglais comme leur langue maternelle, 67 p. 100 comme la seule langue officielle et, comme on compte, en outre, 13 p. 100 de bilingues, on peut estimer que 80 p. 100 des Canadiens savent... -
CHICAGO ÉCOLE DE, sociologie
- Écrit par Christian TOPALOV
- 3 219 mots
...ces questions une théorie du cycle des interactions sociales, qui comprenait quatre phases : la concurrence, le conflit, l'ajustement et l'assimilation. Si l'assimilation était à ses yeux souhaitable et probable, certains de ses élèves, comme l'afro-américain Franklin Frazier (1894-1962) observaient plutôt... -
COMMUNAUTÉ
- Écrit par Stéphanie MOREL
- 1 420 mots
...l'école de la République, de la glorification des « petites patries » pour encenser la « grande patrie », à la fois diverse et unique ; ou encore la prise en charge institutionnelle dans les années 1970 de la « scolarisation des enfants de migrants » au travers de structures différentialistes inédites.... -
INTÉGRATION, sociologie
- Écrit par Gilles FERREOL
- 1 272 mots
De la thèse d'Émile Durkheim, De la division du travail social(1893), aux Formes élémentaires de la vie religieuse (1912), le terme intégration – qui désigne, dans son acception la plus générale, l'opération consistant à adjoindre un élément à d'autres, afin de former une totalité – est au...
- Afficher les 8 références