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ASSIMILATION SOCIALE

Raisons d'une heureuse ou d'une malheureuse assimilation

Le comportement du nouveau venu, on l'a dit, sera adéquat ou inadéquat selon que les structures des groupes qu'il constitue et le rôle qu'il désire jouer au sein de la société élargie se révèlent compatibles avec les possibilités qui lui sont offertes et les exigences auxquelles il doit se plier.

De la part des nouveaux venus, le facteur le plus important, celui qui détermine le processus d'assimilation, c'est bien leur prédisposition à la mutation.

Parmi ces groupes, on distinguera donc ceux qui sont prédisposés à l'assumer et les autres, ceux qui la refusent. Les premiers se reconnaissent grâce à leur personnalité assez forte pour accepter sans se laisser démoraliser les frustrations inhérentes à cette métamorphose, et qui se préparent, afin de tirer le meilleur parti de la situation, à jouer un rôle nouveau. Cette ouverture d'esprit s'accompagne aussi d'une grande souplesse dans l'acceptation du présent, dans le choix d'un avenir, comme dans l'acceptation du rôle social qui leur est proposé. Ces dispositions sont particulièrement celles des immigrants en Israël.

Mais les premiers diffèrent des seconds par leur manière de considérer leur statut social et la place qu'ils occupent dans leur profession. La métamorphose peut avoir apporté la perte de certains avantages, la modification de certains modes de comportement et de certains symboles d'expression. Le niveau de vie n'est plus le même, on s'habille autrement, on n'occupe plus la même demeure, on n'exerce plus le même métier. Tout se traduit en symboles qui définissent précisément le statut social des intéressés. Les premiers, nous l'avons dit, sont prêts à y renoncer, ainsi qu'aux avantages qu'ils tiraient autrefois de leur situation, pour autant qu'ils aient l'impression de parvenir par leurs activités présentes à s'assurer, serait-ce pour l'avenir, un certain degré de sécurité économique et de reconnaissance sociale. Ils ne renoncent nullement au désir d'aller au-delà, mais l'image qu'ils se font de leur avenir n'est ternie par aucun modèle préfabriqué et ils sont tout à fait disposés à essayer tout ce qui s'offre à eux.

Parmi ceux qui ont des dispositions négatives, l'approche des choses est radicalement différente. Ils assument une attitude nettement « ritualiste » et font dépendre l'estime qu'ils ont d'eux-mêmes de l'acquisition et de la conservation de ces privilèges et de ces signes extérieurs qui deviennent alors des fins en soi et dont le caractère symbolique se trouve par le fait même souligné.

En résumé, l'immigrant favorablement disposé à la modification de son statut est presque toujours doué d'une forte personnalité qui lui permet de ne pas s'accrocher « rituellement » aux signes extérieurs du prestige social et de ne pas les croire nécessaires pour conserver l'estime de soi-même et être accepté des autres.

On a aussi observé, au cours de ces travaux, que le facteur le plus propre à influer sur le développement de ces différents types de prédisposition au changement est le sentiment d'insécurité qui a poussé le sujet à s'expatrier. Dans la mesure où les nouveaux venus ont ressenti individuellement cette inquiétude (et non pas collectivement, comme ce fut le cas pour les juifs), ils ont réagi en concevant une image conventionnelle de leur statut social. La découverte d'une sécurité naturellement offerte par la société d'accueil et son acceptation rassurent le nouveau venu et dissipent sa tendance à se construire une image « rituelle » de son statut social et lui permettent de donner libre cours à ses capacités.

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