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ASSOCIATION (sociologie)

Les différentes formes de participation à une association

Les associations peuvent accueillir différentes catégories de membres. Du simple adhérent à l’élu, titulaire d’un mandat d’administrateur, en passant par le salarié ou le volontaire dans le cadre d’un programme de service civique, la diversité des formes de participation à une association pose des difficultés au statisticien soucieux de mesurer l’ampleur du phénomène. Déterminer si la fréquence de la participation associative s’est accrue depuis le « boom associatif » de la fin des années 1970 relève du tour de force compte tenu de la diversité des sources et des catégories de mesure. Si l’on se réfère aux enquêtes répétées de l’I.N.S.E.E., le nombre d’adhésions déclarées serait plutôt stable. La hiérarchie des domaines où les taux d’adhésion sont les plus élevés n’a pas non plus connu d’évolutions majeures. Les associations centrées autour d’une pratique culturelle ou sportive enregistrent la fréquence la plus forte. Si la fréquence de la participation formelle à une association ne semble pas avoir connu de changement profond, l’intensité de la pratique associative s’est, en revanche, accrue. L’enquête sur le monde associatif menée par Viviane Tchernonog estime à 14 millions en 2005 le nombre d’individus pratiquant une activité bénévole dans un cadre associatif. Si l’on ajoute que les adhésions associatives sont de plus en plus nombreuses à impliquer une prise de responsabilités, tout se passe comme si les conditions d’exercice de la pratique bénévole s’étaient déplacées de l’engagement citoyen vers une forme de travail gratuit puisque, par définition, non rémunéré (Simonet, 2010).

Pour ce qui est de l’évolution du nombre des associations, les statistiques sont moins fiables tant la part des associations en sommeil mais non dissoutes semble importante. Seules les créations d’associations recueillies par les préfectures sont des sources fiables : en 1975, le nombre d’associations créées chaque année était de 20 000, aujourd’hui, il s’élève à 60 000. Mais le changement le plus marquant réside sans doute dans la structure du monde associatif : les associations « employeurs » ne cessent de se multiplier et représentent une part de plus en plus importante, même si elles demeurent minoritaires. Le nombre de salariés employés par une association régie par la loi de 1901 n’a cessé de croître depuis le début des années 1980. À tel point qu’il représente aujourd’hui l’équivalent des effectifs de la fonction publique territoriale. Ce fait mérite néanmoins d’être souligné, car le changement de statut de l’organisation associative, qui se mue dès lors en « entreprise associative » comme nous allons le voir, s’avère très souvent irréversible puisque la préservation des emplois créés devient un objectif en soi.

S’il faut se garder de surestimer l’impact des évolutions qu’a connues le monde associatif en parant la loi de 1901 de vertus qu’elle n’a pas toujours eues, force est néanmoins de constater l’ampleur de la mutation, réalisée et à venir, du monde associatif et de son statut dans la société française. Mutation qui ne pourra être vraiment comprise qu’à la condition de prendre en compte la recomposition des formes d’intervention, à partir des années 1980, de l’État social et de l’adaptation du capitalisme aux critiques de la société civile.

— Matthieu HELY

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Écrit par

  • : maître de conférences en sociologie à l'université Paris-Ouest-Nanterre-La Défense, Institutions et dynamiques historiques de l'économie et de la société (UMR 8533)

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