ASSURANCE Économie de l'assurance
L'activité d'assurance trouve son origine dans la volonté des agents économiques (les individus, mais aussi les entreprises) de se protéger contre les aléas de l'existence, qu'il s'agisse de dommages aux biens (automobiles, habitations) ou aux personnes (santé, invalidité, décès), que ceux-ci aient été causés involontairement à autrui (responsabilité civile) ou à soi-même. Certaines assurances sont obligatoires, comme l'assurance automobile pour les dommages causés aux tiers ou l'assurance-crédit qui rembourse un prêt en cas de décès de l'emprunteur ou encore l'assurance garantie décennale qu'un constructeur immobilier doit souscrire. De nombreuses assurances sont facultatives, comme la garantie dommages en assurance automobile, une assurance complémentaire santé (qui couvre les frais médicaux au-delà du remboursement par la Sécurité sociale) ou une assurance-vie.
L'assurance permet le partage des risques entre une multitude de personnes, chaque assuré ayant droit à recevoir une indemnité en fonction de la nature et de l'importance des dommages subis en cas de sinistre ou d'accident, en contrepartie du paiement d'une cotisation appelée prime d'assurance. Le plus souvent, la prime est payée au début d'une certaine période (en général une année) et l'ensemble des primes collectées par l'assureur doit lui permettre de couvrir les indemnités que celui-ci aura à régler pendant la période en question. C'est la raison pour laquelle on parle d'inversion de la relation entre prestataire de services et clients, puisque le client paie ici le prix (la prime) avant de recevoir la prestation (l'indemnité) en cas de sinistre.
L'activité d'assurance repose sur la mutualisation des risques, les primes payées par tous les assurés finançant les indemnités versées à ceux qui subissent des sinistres. Une partie des engagements pris par les assureurs peut cependant être transférée à des réassureurs, ces derniers étant donc les assureurs des assureurs. Les traités de réassurance (c'est-à-dire les contrats qui lient assureurs et réassureurs) permettent ainsi la mutualisation des risques entre assureurs. C'est une sorte de mutualisation à un niveau supérieur qui est souvent international, les principaux réassureurs (Swissre, Munichre ou le groupe français Scor) négociant des traités avec des assureurs répartis sur tous les continents.
L'activité des assureurs consiste à vendre des polices d'assurance par différents canaux (agents, courtiers, Internet, etc.), à acquitter les indemnités dues en faisant expertiser les sinistres, mais aussi à faire fructifier les placements en actifs financiers (actions, obligations...) ou réels (logements), représentant à la fois les primes perçues et les fonds propres détenus. Les grands groupes d'assurance, qu'il s'agisse de sociétés d'assurance (en Europe : Axa, Allianz, Generali...) ou de mutuelles, sont donc des acteurs majeurs sur les marchés financiers. Leur imbrication avec le secteur bancaire est, par ailleurs, de plus en plus étroite, tout particulièrement pour la distribution de produits d'assurance (bancassurance).
Le principe de mutualisation
La loi des grands nombres
C'est le principe de mutualisation qui est au cœur de l'activité d'assurance. Pour en comprendre la logique, plaçons-nous dans le cas simple où les dommages subis par un ensemble d'individus sont des variables aléatoires identiques et indépendantes. Cela signifie simplement que tous les individus en question sont confrontés aux mêmes risques (la même probabilité de subir un sinistre – disons un accident – et la même distribution de probabilités des dommages en cas d'accident) et que la probabilité d'avoir un accident ne dépend pas du fait que tel ou tel autre assuré en ait un également. En première approximation,[...]
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Écrit par
- Pierre PICARD : professeur à l'université de Paris X-Nanterre et à l'École polytechnique
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