ASSYRIE
Les noms d'Assyrie (pays) et d'Assyriens (peuple) ont été tirés par les Modernes du nom ancien, Assour, qui désignait, selon les cas, un dieu, un pays ou une ville. L'Assyrie était une contrée de Haute- Mésopotamie, dont la population parlait un dialecte sémitique, très proche du babylonien.
Les quatorze siècles de l'histoire des Assyriens donnent l'exemple le plus achevé de l'évolution de la communauté politique dans l' Orient ancien.
Devenue indépendante à la fin du xxie siècle avant J.-C., l'Assyrie reste, jusqu'au xive siècle avant J.-C., à un stade archaïque : elle n'a qu'une ville, Assour, et elle est gouvernée par un « régent » du dieu Assour, dont le pouvoir est limité par la noblesse. Les « régents » n'en attachent pas moins leurs noms aux grands travaux de la cité qui se poursuivent jusqu'à la fin de l'histoire de l'Assyrie : muraille, palais et temple dédiés à Assour et à d'autres divinités mésopotamiennes. En effet, pendant un temps (xxe-xviiie s.), les Assyriens s'enrichissent grâce au commerce des métaux qu'ils organisent avec les villes de l'Anatolie centrale. Après un âge obscur (xviiie-xve s.), l'Assyrie passe brusquement au stade de puissance (xive s.). Elle annexe des villes et est gouvernée par un roi. Ce souverain, un personnage terrible, doit souvent déjouer des complots. Avec son peuple, devenu fort belliqueux, il organise le pillage et la conquête des pays étrangers, qu'il terrorise. Dans cette période de guerres annuelles, les Modernes distinguent un premier empire assyrien (xive-xiiie s.) et un second empire assyrien (ixe-viie s.), séparés par l'invasion des Araméens. Finalement, au lendemain de ses plus lointaines conquêtes (Thèbes d'Égypte, Suse), l'Assyrie, épuisée, disparaît sous les coups d'une nouvelle puissance, les Mèdes (612 av. J.-C.). Il ne reste d'elle que les palais incendiés et le trésor des tablettes cunéiformes de Ninive.
Histoire
Débuts de la ville-État (jusque vers 2002)
Pendant longtemps, l'Assyrie se réduit aux campagnes dépendant d'une cité qui porte le nom de son roi divin, le dieu Assour. Les grands travaux des IIe et Ier millénaires avant J.-C. ayant fait disparaître les couches les plus anciennes du site, on ignore à peu près tout des origines de cette ville, qui ne se manifeste à l'archéologue qu'à partir du premier niveau du temple local d'Ishtar (déesse mésopotamienne de la fécondité), qui remonte au Dynastique archaïque III (env. 2400). Les statuettes d'orants du sanctuaire indiquent l'influence de la civilisation de Sumer, sans qu'il soit besoin de supposer la présence d'une colonie sumérienne dans un milieu si différent de la Basse-Mésopotamie : le district d'Assour, un peu moins sec que Sumer (actuellement 200 mm de pluie contre 100 mm, en moyenne), a des vallées trop encaissées pour permettre l'irrigation et se contente, encore au IIIe millénaire, de la culture sèche des céréales et de l'élevage semi-nomade. L'influence qui s'est exercée sur les premiers citadins d'Assour est sans doute celle des commerçants envoyés par les « Temples » sumériens vers les montagnes riches en métal et qui remontaient pour cela le cours du Tigre.
La cité-État du dieu Assour est englobée dans l'empire mésopotamien que les rois de la ville sémitique d' Akkad (dans la région de Babylone) dirigent au xxiiie siècle : en effet, une inscription d'Assour nous apprend que l'Akkadien Manishtoushou (vers 2220) est le souverain d'un certain Azouzou, sans doute un personnage important de la cité. Un autre ex-voto, qui se placerait lors de l'effondrement de la domination akkadienne, puisqu'il n'y est pas nommé de suzerain, émane du « chef » (de la ville), Ititi, qui a battu la cité[...]
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Écrit par
- Guillaume CARDASCIA : professeur à la faculté de droit et des sciences économiques de Paris
- Gilbert LAFFORGUE : maître assistant à l'université de Paris-Sorbonne
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Médias
Autres références
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