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ASTHÉNIE

Pour Hippocrate, l'asthénie est « la condition la plus voisine de la maladie » ; c'est un état qui favorise la venue de la maladie et explique qu'elle atteigne des sujets robustes. Dans la médecine classique, les asthénies sont les maladies caractérisées par la prostration, la langueur – générale ou partielle – des fonctions et la dissolution des humeurs. La carrière moderne de l'expression remonte à John Brown (1735-1788), « le métaphysicien de la médecine ». Pour le fameux Écossais, les maladies sont toutes générales et dues à un excès ou un défaut d'« incitation » ; les maladies asthéniques, les plus nombreuses, sont soit directes, par hypersthénie et épuisement de l'incitabilité, soit indirectes, par insuffisance ou défaut des « excitants ». Il n'y a entre elles que des différences quantitatives, et la nosologie est illusoire, comme l'anatomie inutile. Un unique traitement, le stimulant, remontera la force vitale : viande, vin, thé, café, chaleur, exercice, quinquina, éther et opium. Cette théorie, qui paraît aujourd'hui bien simpliste, eut un succès considérable, dont témoignent encore des termes comme neurasthénie (épuisement de la force nerveuse, Beard, 1869), et psychasthénie (épuisement du tonus psychologique, Pierre Janet, 1903).

Aujourd'hui, asthénie est devenue un synonyme savant de fatigue, servant plus particulièrement à désigner les fatigues et fatigabilités pathologiques (infections et intoxications chroniques, cancer, anémie, diabète, insuffisance surrénale, psychoses).

On a décrit une asthénie constitutionnelle, qui serait une insuffisance surrénale larvée et congénitale ; une asthénie essentielle, que Birket-Smith attribue à une involution cérébrale (visualisée dans plus de la moitié des cas par la pneumo-encéphalographie) ; une asthénomanie (J. Tastevin, 1911), opposé de la manie (alors que l'on pense généralement que c'est la mélancolie qui est l'opposé de la manie) ; une asthénie neuro-circulatoire (P. White, 1948), correspondant à peu près à la « névrose cardiaque » des auteurs français ; une personnalité asthénique (B. Lindegǎrd, 1962).

— Georges TORRIS

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