ASTRE ou OBJET CÉLESTE
Le nom d'« astre » s'applique à tout corps céleste. Pour l'astronome de l'Antiquité, il désignait l'une des quelques milliers d'étoiles suffisamment brillantes pour être visibles à l'œil nu ou l'une des sept planètes (du grec planêtes[asteres], « astres errants »), dites aussi « promeneuses du ciel », alors connues : Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne ; la Lune, « Astre de la Nuit », et le Soleil, « Astre du Jour » (que Cicéron qualifiait de « Chef des astres »), étaient également considérés comme des planètes. Il faut y ajouter les fugitives et irrégulières comètes, « astres chevelus » dont la nature restait mystérieuse.
Nous savons aujourd'hui que les étoiles brillent par elles-mêmes, d'un éclat dont l'énergie provient du brasier nucléaire situé en leur cœur. Au contraire, les planètes, comètes et astéroïdes (« petits astres ») ne font que réfléchir la lumière solaire.
Les poètes et les philosophes grecs de l'Antiquité, pour désigner notre univers, adoptent le terme de cosmos, qui manifeste l'ordre et l'harmonie. Le ciel en général, mais aussi les astres qui l'habitent, manifestent ainsi l'ordre et l'harmonie cosmiques. D'où le sens figuré, largement utilisé dès la Renaissance : tel qui est loué pour son physique avantageux est qualifié de « beau comme un astre ». Les étoiles et les lunes qui constellent les drapeaux expriment sans doute les désirs d'harmonie nationale ou internationale. Nous réservons la terminologie anglo-saxonne de « stars » aux astres médiatiques qui illuminent notre hit parade.
Le problème principal des astronomes de l'Antiquité était de comprendre et d'expliquer les mouvements (apparents) des astres, en premier lieu ceux des planètes. Comment ces dernières pouvaient-elles « connaître » les orbites qu'elles devaient suivre ? Aristote, suivi par de nombreux philosophes de la Nature, leur attribuait des intelligences, ou des âmes, qui leur conféraient la faculté de suivre correctement leurs trajectoires. Au début du xviie siècle, Kepler adoptera une description plus « économique » : plutôt que d'accorder une âme à chaque planète, il l'accordera au Soleil, et à lui seulement. Cet astre central (Kepler était l'un des premiers coperniciens) devait, d'une manière ou d'une autre, transmettre son influence aux planètes tout autour. De cette idée devait résulter, en 1687, la loi d'attraction universelle (gravitation) de Newton.
Vers le xiie siècle, l'astrologie, réintroduite (comme l'astronomie) en Occident par les Arabes, connaît une vigueur qui inquiète les théologiens. Primitivement « étude des astres » (ce qui correspond plutôt à l'astronomie ou à l'astrophysique actuelles), le terme astrologie a pris au xive siècle le sens de « divination par l'étude des astres ». Jusqu'à la Renaissance, le ciel et les astres sont supposés influencer les destinées des hommes et des royaumes... La médecine antique se fonde sur des analogies symboliques entre les astres (ou des zones du ciel) et les parties du corps. Paracelse, médecin et alchimiste du xvie siècle, proclame ainsi la similitude des « étoiles intérieures » de l'homme avec les étoiles extérieures, au nom de l'harmonie universelle.
Ce n'est que vers le xvie siècle que l'astrologie s'est définitivement et radicalement séparée de l'astronomie. L'astrophysicien, aujourd'hui, se consacre à l'étude des astres du point de vue de la seule physique. Il n'utilise plus guère aujourd'hui le mot « astre », qui, vague et imprécis, fait référence à une diversité d'objets trop disparates pour un discours précis. Les différents astres sont plutôt évoqués au sein de catégories reflétant leurs propriétés physiques, ou leurs situations dans[...]
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Écrit par
- Marc LACHIÈZE-REY : ancien élève de l'École nationale supérieure de la rue d'Ulm, docteur en physique, directeur de recherche émérite au CNRS
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