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ASTROLOGIE

Marginalisation et objectivation

Il est de fait que l'astrologie va peu à peu disparaître des traités de médecine, de météorologie et d'agriculture, et se replier sur elle-même, mais pas assez vite pour pouvoir assumer son autonomie. On passe ainsi, par exemple, d'une médecine faisant appel à l'astrologie, à l'astrologie médicale, dépendant de la médecine. Contestée par Pic de La Mirandole dès la fin du xve siècle, l'astrologie ne fournit plus de modèle aux autres disciplines ; elle se mue en un artisanat qui fait flèche de tout bois.

Cependant, sous Louis XIV encore, le médecin Jean-Baptiste Damascène affirme que le statut scientifique de la médecine passe par l'astrologie. L'astrologie restait alors au cœur de polémiques variées : peut-il y avoir science du vivant ou science humaine sans astrologie ? disent les uns ; l'astrologie n'est-elle pas un simple discours analogique qui prend ses désirs pour des réalités ? répliquent les autres.

Dans un premier temps, la révolution copernicienne n'a guère affecté l'astrologie. Les découvertes astronomiques du xviie siècle furent nombreuses : on apprenait que Jupiter avait des satellites, que le Soleil avait des taches. Les voyages océaniques permettaient de compléter la carte du ciel et d'ajouter de nouvelles constellations aux quarante-huit traditionnelles. Si l'astrologie perdit alors définitivement son ancien crédit, ce qu'atteste son absence parmi les disciplines reconnues par l'Académie royale des sciences, il convient de faire justice du mythe selon lequel Colbert, le fondateur en 1666 de cette compagnie, serait responsable de cette exclusion, par on ne sait quel édit. Ce dernier a, au contraire, pu accorder sa faveur à l'astrologie : il patronnera auprès de l'Académie l'astrologue Jacques de Graindorge, dont une partie du traité est reproduite dans les procès-verbaux de 1669.

Le dernier tiers du xviie siècle verra l'astrologie française se battre pour préserver ses privilèges. En 1661 était parue l'Astrologia Gallica de Jean-Baptiste Morin (dit de Villefranche), professeur au Collège royal, mort en 1656. En 1672, Jean-Baptiste Fayol publie une Harmonie céleste ; en 1697, Eustache Lenoble fait paraître son Uranie. Ce ne sont pas là de simples manuels, mais des sommes ambitieuses qui situent l'astrologie dans un contexte plus large que les manuels du siècle précédent.

En réalité, l'astrologie s'efforçait alors de prendre ses distances à l'égard de cette astronomie dont les changements successifs l'éloignaient de ses structures traditionnelles. L'astrologie pouvait tenter de s'autonomiser : son déclin coïncide aussi avec un processus d'émancipation. L'astrologie régnait sur un certain nombre de savoirs « occultes » ou « magiques » (géomancie, alchimie, magie, kabbale, etc.), qu'elle avait marqués, mais moins immédiatement liés à l'astronomie qu'elle-même, et se présentant comme fondés sur l'expérience. Renonçant à se servir d'éphémérides astronomiques, l'astrologie renoue avec des pratiques anciennes, d'une époque où l'astrologue n'avait pas toujours accès aux données célestes et où il n'y avait pas d'état civil, ni de moyen commode de connaître l'heure.

Une astrologie qui affecte à chaque heure de la journée une planète, qui s'appuie sur le nom de la personne faute de pouvoir restituer la configuration natale, bref qui travaille avec les moyens du bord, l'essentiel étant de parvenir à dresser un «  thème » débouchant sur les descriptions des traités astrologiques, en somme une astrologie avec une dose homéopathique d'astronomie, mais qui n'en est pas moins de l'astrologie. Un de ses maîtres sera le Français Alliette, alias Etteilla, adepte du [...]

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Écrit par

  • : docteur de troisième cycle en études orientales, directeur de la Bibliotheca Astrologica

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