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ASTROLOGIE

Syncrétisme et exégèse

Pour mettre en perspective la littérature astrologique, il importe de se demander ce qu'elle a à cacher, ce qui se dissimule derrière des constructions bien polies : on appréciera dès lors le talent de l'exégète à évacuer les apories structurelles ou contextuelles. Une nouvelle conception de l'histoire des textes astrologiques se fait jour : l'étude et la comparaison des gloses construites autour des articulations les plus fragiles du discours astrologique. L'historien doit mettre au jour un discours apologétique masqué, le plus souvent, sous la forme d'un « simple » exposé des règles de l'astrologie, dévoiler les impropriétés symboliques et les rapprochements destinés à atténuer les solutions de continuité (à commencer par l'intégration de nouvelles planètes) requises pour introduire de nouveaux réseaux conceptuels.

L'Aigle et le Scorpion

Il apparaît ainsi que le Scorpion n'a pas été initialement inscrit dans le schéma astrologique. Il fut mis en place à un stade antérieur en tant que constellation et, d'ailleurs, la disposition des étoiles évoque assez bien cet animal, et notamment sa queue venimeuse. Deux signes auraient dû le remplacer : la Balance et l'Aigle. Pour ce qui est de l'Aigle, les astrologues ne purent aboutir, en raison de l'habitude bien ancrée de désigner cette région du ciel sous le nom de Scorpion. Au contraire, c'est le Scorpion qui va s'intégrer au symbolisme astrologique et évincer l'Aigle. Nous avons là une expression intéressante du conflit astrologie-astronomie, tout comme les nouveaux astres, dont la nomination revient aux astronomes (ainsi Uranus, qui est, en mythologie, le père de Saturne), vont s'insérer dans le discours astrologique.

Le rapport planète-signe avant Ptolémée

Les luminaires ont certainement constitué le noyau d'un premier stade astrologique. Ce n'est que dans un deuxième temps qu'on a élaboré une astrologie incluant des astres moins présents. Or il nous apparaît que, dans l'arsenal astrologique, cette dualité n'a jamais tout à fait disparu, et que la Lune fait parfois double emploi avec Vénus, ou le Soleil avec Jupiter.

Le dispositif de domiciles planétaires transmis par le Tetrabiblon de Ptolémée nous permet de remonter au-delà, de par les incohérences symboliques qu'on peut y relever, et les astrologues, depuis cette époque, ont été amenés à justifier, avec quelque sophistication, une structure qui, si astronomiquement elle est satisfaisante, est en rupture avec une astrologie plus naïve et en phase avec le discours mythologique. Il apparaît que les affectations de Mercure et de Vénus ont été inversées, tout comme ceux de Jupiter et de Mars avec lesquels ils sont respectivement en couple.

Au lieu d'avoir Mercure en Gémeaux et en Vierge et Vénus en Taureau et en Balance, on aurait eu d'abord le contraire. Avant d'avoir Jupiter en Sagittaire et en Poissons et Mars en Bélier et en Scorpion, les rôles auraient été inversés. À l'appui de cette thèse, la référence mythologique et symbolique. C'est ainsi que les deux signes de Vénus, tels qu'ils avaient été conçus dans une période préptoléméenne, correspondent bien à deux signes représentés par un couple et par une vierge, souvent accompagnée à la Renaissance d'une licorne aux valeurs phalliques. Car, dans l'iconographie astrologique, les Gémeaux sont souvent campés comme un couple qui s'enlace. Nous sommes là dans un domaine vénusien, et d'ailleurs le Kalendrier des bergers représente les « vénusiens » sous la forme d'un couple. Dès lors, les deux signes de Mercure auraient d'abord été le Taureau et la Balance. Le premier est un animal de trait, il évoque le cheptel (capital), la seconde est un outil de mesure, de commerce, très mercurien.[...]

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Écrit par

  • : docteur de troisième cycle en études orientales, directeur de la Bibliotheca Astrologica

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