ASTRONOMIE
L’astronomie de demain
Jusqu'où iront le raffinement et la puissance des techniques et des méthodes de l'astronomie ? Il est difficile de le prévoir. La tendance actuelle est à la fois au gigantisme et à une complexité croissante des instruments. On veut voir toujours plus loin, donc des objets de plus en plus faibles, et les étudier dans tous leurs détails accessibles. Il n'y a aucune raison que cette tendance aille en décroissant. Ainsi, des instruments gigantesques comme l’interféromètre en ondes millimétriques et submillimétriques ALMA (Atacama Large Millimeter/submillimeter Array), implanté à 5 100 mètres d'altitude dans le désert d'Atacama (nord du Chili) et inauguré en 2013, sont-ils appelés à se développer ? Avec ses soixante-six antennes, ALMA est le premier véritable projet mondial en astronomie, puisqu'il rassemble le National Radio Astronomy Observatory américain, l'Observatoire européen austral et le National Astronomical Observatory japonais. Plusieurs télescopes optiques géants sont également en construction : le ELT (Extremely Large Telescope) de l’ESO, avec un très grand miroir de 39 mètres de diamètre, et les deux instruments américains TMT (Thirty Meter Telescope) et GMT (Giant Magellan Telescope), dont les diamètres respectifs sont de 30 et 21 mètres. Dans le domaine spatial, les instruments et les projets grandioses ne manquent pas non plus. On citera seulement le satellite astrométrique Gaia, qui mesure depuis 2013 la position et le mouvement de milliards d’étoiles avec une précision inégalée, et le projet LISA (Laser Interferometer Space Antenna) de détection d’ondes gravitationnelles de très basses fréquences à partir de l’espace ; celles de fréquences plus élevées sont détectées depuis 2015 avec les grands instruments au sol américain LIGO (Laser Interferometer Gravitational-Wave Observatory) et européen Virgo.
Reste-t-il une place pour de petites réalisations astucieuses, à l'échelle d'un pays, d'un observatoire ou même d'un individu ? Certainement oui : on aura toujours besoin de petits instruments spécialisés à côté des monstres dont il vient d'être question. Les instruments et la patience des astronomes amateurs resteront irremplaçables pour l'étude de phénomènes variables, épisodiques ou imprévisibles. Par bonheur, les progrès des instruments sont tels qu'il est encore possible de faire de l'astronomie de pointe avec des radiotélescopes ou des télescopes de petites dimensions, que l'on aurait pu croire caducs il y a quelques années. À titre d'exemple, la première planète extrasolaire a été découverte en 1995 avec un télescope de 2 mètres d'ouverture seulement. De ces instruments modestes peuvent donc sortir des découvertes spectaculaires quand se manifeste l'inventivité de l'individu.
Les astronomes sont cependant confrontés à un problème majeur : l'abondance des données d'observation, dont seule une petite partie est effectivement exploitée. La puissance des instruments présents et futurs est telle que cette situation ne peut que se pérenniser, voire empirer, au risque de voir les chercheurs noyés sous une pléthore d'informations disparates. Certes, l'informatique et Internet permettent de mettre les données des observations et les simulations numériques à la disposition de tout un chacun sous la forme d'observatoires virtuels, ce qui peut stimuler la recherche astronomique dans les pays émergents. Mais il faut des chercheurs formés et expérimentés pour en tirer profit, et c'est là que se trouvent les besoins. Comme d'autres sciences, l'astronomie nécessite aujourd'hui la coopération bien organisée de nombreux individus très compétents, dont quelques-uns auront les idées originales qui sont le moteur de la recherche. Il faut aussi garder la culture et l'ouverture d'esprit nécessaires pour fertiliser[...]
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Écrit par
- James LEQUEUX : astronome émérite à l'Observatoire de Paris
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