ATATÜRK MUSTAFA KEMAL (1881-1938)
La lutte pour l'indépendance
Mais la véritable lutte pour l'indépendance commence avec la guerre turco-grecque déclenchée le 22 juin 1920 lorsque les Grecs, avec l'assentiment des Alliés, prennent l'offensive en direction du plateau anatolien pour imposer sur le terrain l'application du traité de Sèvres. Au mois d'août, toute la partie occidentale de l'Anatolie et la Thrace sont aux mains des Grecs.
En revanche, à l'est, le général Kâzîm Karabékir remporte des victoires sur les Arméniens, qui signent un armistice le 18 novembre 1920. Les traités d'Alexandropol ou de Gümrü (3 déc. 1920), de Moscou (16 mars 1921) et de Kars (12 oct. 1921) reconnaissent à la Turquie la possession des territoires de Kars et d'Ardahan, qui avaient été perdus en 1878. Dès le mois d'août 1920, un accord avait été conclu avec le gouvernement soviétique, accord renouvelé par le traité du 16 mars 1921.
Tandis que Mustafa Kemal organise le gouvernement sur des bases nationales et populaires, et que des pourparlers entrepris par le gouvernement de Stamboul en vue d'un rapprochement échouent, les Grecs passent à l'attaque en direction d'Eskishéhir et de Doumloupinar, mais Ismet Pacha brise leur offensive à Inönü (10-11 janv. 1921). Au cours de l'hiver, des négociations ont été entamées entre les Alliés – particulièrement les Français et les Italiens –, les nationalistes et le gouvernement ottoman en vue de réviser le traité de Sèvres : elles n'aboutissent à aucun résultat satisfaisant, et en mars 1921 les hostilités reprennent. Les Grecs attaquent à nouveau en direction d'Eskishéhir, mais à nouveau sont vaincus à Inönü (31 mars). En juillet, les Grecs parviennent à s'emparer de Kütahya, d'Afyon Karahisar et d'Eskishéhir, et les troupes turques doivent se retirer derrière la Sakarya. Le 5 août, la G.A.N. nomme Mustafa Kemal généralissime avec pleins pouvoirs pour trois mois. Le 23 août commence une bataille de vingt-deux jours au bout desquels l'armée grecque doit battre en retraite ; à la suite de cette victoire, la G.A.N. confère à Mustafa Kemal la dignité de maréchal et le titre de Gazi (Victorieux). Quelques jours plus tard, le 20 octobre 1921, le gouvernement français, représenté par Franklin-Bouillon, signe avec les Turcs un accord reconnaissant pratiquement le gouvernement nationaliste, et évacue les territoires occupés dans le Sud-Est anatolien, à l'exception du sandjak d'Alexandrette. Cet accord connaît un profond retentissement. Des négociations avec les Alliés en mars-avril 1922 n'aboutissent pas et Mustafa Kemal, ayant vu ses pouvoirs prorogés pour la quatrième fois, prépare l'offensive finale : le 26 août 1922, les lignes grecques sont enfoncées et, le 30, la victoire de Doumloupinar complète le succès initial. Le 9 septembre, les troupes turques entrent dans Smyrne – dévastée par un gigantesque incendie trois jours plus tard – et le 18 septembre, le dernier soldat grec quitte le sol anatolien. Le 11 octobre, l'armistice est signé à Moudanya et peu après les troupes turques réoccupent la Thrace.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Robert MANTRAN : membre de l'Institut, professeur émérite à l'université de Provence-Aix-Marseille-I
Classification
Médias
Autres références
-
ARMÉNIE
- Écrit par Jean-Pierre ALEM , Françoise ARDILLIER-CARRAS , Christophe CHICLET , Sirarpie DER NERSESSIAN , Encyclopædia Universalis , Kegham FENERDJIAN , Marguerite LEUWERS-HALADJIAN et Kegham TOROSSIAN
- 23 765 mots
- 13 médias
...kilomètres carrés environ. Par ailleurs, un foyer national arménien est créé en Cilicie sous protectorat français. C'était sans compter avec la renaissance du nationalisme turc conduit par le général Mustafa Kemal. Le 20 octobre 1921, les kémalistes chassent les Français de Cilicie, massacrant à l'occasion les... -
BAYAR CELÂL (1883-1986)
- Écrit par Robert MANTRAN
- 1 121 mots
Troisième président de la République turque (1950- 1960), Celâl (Djélâl) Bayar a joué un rôle dans la politique de son pays à trois reprises : entre 1908 et 1922, dans les organismes du comité Union et Progrès, puis dans la résistance à l'occupation grecque ; entre 1924 et 1938, dans les milieux dirigeants...
-
INÖNÜ ISMET PACHA dit ISMET (1884-1973)
- Écrit par Jean-Charles BLANC
- 1 006 mots
- 1 média
-
ISLAM (Histoire) - Le monde musulman contemporain
- Écrit par Françoise AUBIN , Olivier CARRÉ , Nathalie CLAYER , Encyclopædia Universalis , Andrée FEILLARD , Marc GABORIEAU , Altan GOKALP , Denys LOMBARD , Robert MANTRAN , Alexandre POPOVIC , Catherine POUJOL et Jean-Louis TRIAUD
- 31 426 mots
- 12 médias
Du temps d'Atatürk et d'Ismet Inǒnü, le pouvoir politique s'est totalement identifié au Parti républicain du peuple, dont l'un des six principes était le laïcisme. Ce principe, appliqué avec rigueur jusqu'en 1946, a paru connaître quelque écho dans une partie de la population, essentiellement celle... - Afficher les 8 références