ATATÜRK MUSTAFA KEMAL (1881-1938)
Proclamation de la République
En vue de la conférence qui doit s'ouvrir à Lausanne pour régler les conditions de la paix, les Alliés invitent le gouvernement nationaliste, mais aussi le gouvernement du sultan. Pour empêcher celui-ci d'y participer, Mustafa Kemal fait voter par la G.A.N., le 4 novembre 1922, l'abolition du sultanat, malgré l'opposition de certains religieux musulmans qui estiment ne pouvoir dissocier sultanat et califat. Le dernier gouvernement ottoman donne sa démission et l'ex-sultan Mehmed VI quitte Stamboul à bord d'un navire britannique. Son cousin Abdul-Medjid est alors élu calife. La conférence de Lausanne (21 nov. 1922-24 juill. 1923) aboutit à la signature d'une paix par laquelle les Turcs obtiennent comme frontière en Thrace le cours de la Maritza, récupèrent les îles d'Imbros et de Ténédos ; la Grèce doit démilitariser les îles proches de la côte anatolienne ; les populations grecques de Turquie (sauf Stamboul) et turques de Grèce (sauf la Thrace occidentale) seront échangées ; la souveraineté italienne sur le Dodécanèse est reconnue ; les Détroits pourront être remilitarisés par les Turcs en cas de guerre ; les capitulations sont abrogées ; les Alliés évacueront Stamboul six semaines après la ratification de la paix (qui eut lieu le 23 août 1923). Le 6 octobre 1923, les troupes turques font leur entrée dans Stamboul : la guerre d'Indépendance était terminée. Il n'est plus question ni d'Arménie ni de Kurdistan indépendants ; la seule contestation qui subsiste porte sur le territoire de Mossoul, finalement cédé à l'Irak en juin 1926, moyennant une compensation financière.
La deuxième Grande Assemblée nationale est élue entre juin et août 1923, et le 9 août Mustafa Kemal fonde le Parti républicain du peuple, successeur du Groupe de la défense des droits, dont il est élu président. Ce parti rassemble la grande majorité des députés. Le 13 août, Mustafa Kemal devient président de la G.A.N., et le 29 octobre celle-ci proclame la République et élit Mustafa Kemal comme président : il nomme aussitôt Ismet Inönü Premier ministre, tandis que la capitale de la République est fixée à Ankara. Enfin, dernière étape de la révolution politique, le 3 mars 1924 le califat est aboli par un vote de la G.A.N. et les membres de la dynastie ottomane expulsés de Turquie.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Robert MANTRAN : membre de l'Institut, professeur émérite à l'université de Provence-Aix-Marseille-I
Classification
Médias
Autres références
-
ARMÉNIE
- Écrit par Jean-Pierre ALEM , Françoise ARDILLIER-CARRAS , Christophe CHICLET , Sirarpie DER NERSESSIAN , Encyclopædia Universalis , Kegham FENERDJIAN , Marguerite LEUWERS-HALADJIAN et Kegham TOROSSIAN
- 23 765 mots
- 13 médias
...kilomètres carrés environ. Par ailleurs, un foyer national arménien est créé en Cilicie sous protectorat français. C'était sans compter avec la renaissance du nationalisme turc conduit par le général Mustafa Kemal. Le 20 octobre 1921, les kémalistes chassent les Français de Cilicie, massacrant à l'occasion les... -
BAYAR CELÂL (1883-1986)
- Écrit par Robert MANTRAN
- 1 121 mots
Troisième président de la République turque (1950- 1960), Celâl (Djélâl) Bayar a joué un rôle dans la politique de son pays à trois reprises : entre 1908 et 1922, dans les organismes du comité Union et Progrès, puis dans la résistance à l'occupation grecque ; entre 1924 et 1938, dans les milieux dirigeants...
-
INÖNÜ ISMET PACHA dit ISMET (1884-1973)
- Écrit par Jean-Charles BLANC
- 1 006 mots
- 1 média
-
ISLAM (Histoire) - Le monde musulman contemporain
- Écrit par Françoise AUBIN , Olivier CARRÉ , Nathalie CLAYER , Encyclopædia Universalis , Andrée FEILLARD , Marc GABORIEAU , Altan GOKALP , Denys LOMBARD , Robert MANTRAN , Alexandre POPOVIC , Catherine POUJOL et Jean-Louis TRIAUD
- 31 426 mots
- 12 médias
Du temps d'Atatürk et d'Ismet Inǒnü, le pouvoir politique s'est totalement identifié au Parti républicain du peuple, dont l'un des six principes était le laïcisme. Ce principe, appliqué avec rigueur jusqu'en 1946, a paru connaître quelque écho dans une partie de la population, essentiellement celle... - Afficher les 8 références