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ATHANASE L'ATHONITE (entre 925 et 930-1002)

Abraamios, le futur Athanase, naît à Trébizonde, où, orphelin, il grandit, épris de vie intérieure, dans la meilleure société. Après 945, il fait à Constantinople une brillante carrière universitaire, mais rompt avec le siècle après avoir rencontré un grand spirituel, Michel Maléïnos, higoumène du mont Kymina, où Abraamios devient moine sous le nom d'Athanase (vers 952). Hésychaste accompli, il craint pour sa solitude devant l'afflux des moines et, vers 958, fuit à l'Athos où ne vivent alors que des ermites. Il entretient une amitié difficile avec le grand chef de guerre Nicéphore Phocas qui est un disciple laïc de Maléïnos et qui, ne pouvant arracher durablement Athanase à l'Athos, lui demande d'y construire une « laure » où lui-même compte se retirer. La Grande Laure (Lavra) s'élève ainsi de 961 à 963, destinée, semble-t-il, à favoriser une vie semi-érémitique. Mais, après l'accession à l'empire et l'assassinat de Nicéphore, Athanase, bouleversé, se rallie définitivement au cénobitisme : Lavra devient la première communauté de l'Athos, à laquelle d'autres s'ajoutent du vivant même d'Athanase, constituant la forte structure du monachisme athonite. Athanase meurt accidentellement en 1002, dans un effondrement, alors qu'il visite les travaux du catholicon.

Les règles (hypotypose et typicon), écrites par Athanase pour sa communauté, reprennent et accentuent dans le sens de l'ordre et de la régularité les dispositions du Stoudios. La journée du moine est partagée entre l'office, la lecture et le travail manuel ; l'idéal proposé est de fraternité évangélique, dans la soumission mutuelle (hypotagé). Toutefois, par rapport à la règle stoudite, l'insistance se déplace de l'hypotagé à l'obéissance au supérieur (hypakoé), où l'on trouve peut-être une réminiscence de la règle bénédictine. Athanase, d'autre part, a prévu que quelques moines pourraient vivre en hésychastes. Ainsi se fera, non sans tension, la synthèse athonite de l'érémitisme et du cénobitisme, avec un large éventail de vocations.

— Olivier CLÉMENT

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Écrit par

  • : agrégé de l'Université, professeur à l'Institut Saint-Serge de Paris

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  • ATHOS MONT

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    ...montagne », « jardin de la Vierge », jalousement interdit à toute autre présence féminine : ermites d'abord (saint Pierre l'Athonite), puis cénobites (saint Athanase fonde la grande laure en 963). L'Athos hérite une conception souple, synthétique, personnaliste de la vie monastique : il s'agit moins de « règles...