ATHÉISME
Les interprétations philosophiques
Platon a traité de l'athéisme dans deux contextes différents. Dans l'Apologie de Socrate (26 b-e), il s'agit de montrer que Socrate n'est pas un véritable athée. Pour cela, Platon distingue l'athée relatif, qui n'admet pas telle ou telle divinité, et l'athée absolu (parapan atheos), qui ne croit à l'existence d'aucun dieu. Le concept philosophique de croyance sert à souligner la signification intellectuelle de l'athéisme. Dans les Lois (liv. X), Platon s'intéresse à la signification sociale de l'athéisme. Il commente la notion des crimes d'impiété inscrite dans le droit pénal athénien. Pour cela, il montre, d'une part, que les sanctions doivent être proportionnées au degré de culpabilité et, d'autre part, que les dispositions du droit pénal ne se justifient qu'à la condition de pouvoir prouver l'existence d'une divinité (argument de l'intelligence automotrice et de la finalité cosmique). On sait que les philosophes grecs distinguent deux sortes de dieux : les dieux conventionnels, « suivant la loi », et les dieux intelligibles, « suivant la nature ». Si Platon a pu concevoir intellectuellement l'athéisme, il n'a pu en supporter l'idée. Le dieu de Platon, le dieu des philosophes et des savants est l'absolument simple qui, dans le sentiment religieux du monde, abolit toute séparation. Mais les rapports des philosophes à la religion seront presque toujours équivoques. Les philosophes de l'Antiquité interprétaient les croyances traditionnelles par des allégories physiques ou morales. Kant et Fichte interpréteront la foi religieuse comme une foi morale en la communauté universelle des êtres libres, de telle sorte que le mot « Dieu » n'est guère que la représentation de ce Bien suprême qui est immanent à la foi. D'où la « querelle de l'athéisme » à l'époque de Fichte. Quant à Hegel, il réussira ce tour de force de rendre la négation mystique indiscernable de la négation athée. La dialectique est un cercle qui revient éternellement à son point de départ. Mais abandonnons à leur virevolte ces négations internes à la vie émotionnelle. Reste que le problème logique de l'incroyance est autre chose.
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Écrit par
- Edmond ORTIGUES : professeur émérite à l'université de Rennes
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