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ATHÉNA

Le mythe de la naissance d'Athéna fait partie du récit de la conquête de la souveraineté par Zeus : après avoir épousé en premières noces la déesse Métis, maître en toutes sagesses et en tous savoirs, le fils de Kronos l'engloutit afin de posséder en lui toute l'intelligence du monde. Mais l'épouse avalée était grosse d'une fille recouverte d'armes éclatantes, qui jaillit de la tête de Zeus, sous les coups experts de la hache double maniée par Héphaïstos. Athéna (souvent surnommée Pallas) apparaît ainsi en guerrière, mais pourvue de la métis, de la forme d'intelligence incarnée par sa mère. Elle est double : de sexe féminin mais vouée au jeu de la guerre qui est affaire d'homme. Refusant le mariage, elle a choisi de porter les armes et d'exercer ainsi l'activité la plus masculine.

Athéna-Pallas - crédits :  Bridgeman Images

Athéna-Pallas

Athéna - crédits : Encyclopædia Universalis France

Athéna

Dans le domaine de la guerre, Athéna agit principalement par les armes dont elle est recouverte, par l'éclat du bronze, le son du métal heurté, et la lumière qui en jaillit. Le regard brillant d'Athéna est pour une part un œil de bronze. La Glaukôpis au regard terrifiant est flanquée de la chouette, oiseau dont le regard fixe et lumineux passe pour posséder un pouvoir fascinant et paralysant comme l'égide à masque de Gorgone.

La métis d'Athéna couvre aussi des savoirs techniques tels le tissage, la maîtrise du cheval, la conduite du navire. Si le cheval est une création de Poséidon dont il relève par tous les aspects inquiétants et mystérieux de sa nature animale, c'est Athéna qui invente pour lui le mors, l'objet technique qui permet aux hommes d'exercer sur leurs montures un pouvoir aussi bien magique que technique.

Quand il s'agit du char attelé, Poséidon garde la souveraineté sur l'attelage : il accorde ou refuse toutes manières d'user du char et des chevaux. Mais la part d'Athéna est la conduite de l'attelage : coup d'œil, attention aiguë aux mouvements imprévisibles des chevaux, capacité de mener le char droit au but.

Dans le domaine de la mer, qui semble appartenir tout entier à Poséidon, Athéna intervient de deux manières. D'abord pour assister le pilote, l'aider à mener droit son embarcation en dépit des caprices du vent et à travers les routes innombrables de la mer. Ensuite, au niveau de la construction : dans les différentes opérations techniques du travail du bois (abattage des arbres, polissage des planches, ajustement des différentes pièces de la charpente). La même forme d'intelligence permet de conduire et de construire un navire. La métis qui sait « mener droit » (ithunein) le bateau est aussi celle qui sait se servir du cordeau et le « mener droit » pour tailler la quille.

Athéna, avec ses savoirs et ses pouvoirs, est aussi une divinité poliade. En particulier pour les Athéniens, auxquels elle fait cadeau de l'olivier, l'arbre nourricier qui renaît de lui-même et « demeure, comme la cité, éternellement vivant », sous le regard vigilant d'Athéna Glaukôpis.

 Dans les Panathénées, célébrées tous les cinq ans depuis Pisistrate, le rituel est centré sur la déesse victorieuse des Géants, l'Athéna qui avec l'aide des dieux institue le monde organisé, cosmos pour les dieux et pour les hommes dans le cadre de la cité. Au début d'août, le corps social, réparti en classes d'âge, se rendait depuis la porte Dipyle jusqu'à l'Acropole, pour offrir à la protectrice de la cité un nouveau péplos, le voile tissé par les jeunes Arrhéphores, pendant neuf mois, voile qui représentait la victoire des dieux de l'Olympe sur les Géants nés de la Terre. Les victimes animales sacrifiées au cours de la fête étaient distribuées à tous les membres de la cité. Les grandes Panathénées étaient l'occasion de joutes athlétiques qui pouvaient rivaliser avec les jeux [...]

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Écrit par

  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section, sciences religieuses)

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