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ATHÉNAGORE (IIe s.)

Philosophe grec chrétien, actif au iie siècle apr. J.-C.

Les premiers historiens voient en Athénagore un platonicien converti au christianisme. Originaire d'Athènes, il se rend à Alexandrie et y fonde une académie réputée par la suite. Vers 177, il adresse à l'empereur Marc Aurèle et à son fils, Commode, une apologie en 30 chapitres intitulée Presbeia peri Christianon (Supplique pour les chrétiens). Il s'agit de l'un des tout premiers ouvrages qui fasse appel aux concepts néoplatoniciens pour se faire l'interprète de la foi chrétienne et de son culte auprès des Grecs et des Romains. Athénagore y réfute la triple accusation portée contre les juifs, puis contre les chrétiens, qui seraient athées (ne croyant pas aux divinités païennes), cannibales (mangeant des enfants lors des agapes) et incestueux. Athénagore en appelle à la rationalité des Grecs et des Romains et réclame pour les chrétiens les mêmes droits que ceux des autres citoyens.

Aux accusations d'athéisme et d'infanticide, il oppose le fait que le culte de Dieu n'a pas de caractère sanguinaire. Contrairement à l'idolâtrie dégradante qui caractérise la soumission païenne à des divinités arbitraires et immorales, les chrétiens, affirme-t-il, révèrent une divinité unique, parfaite et éternelle dont la triple expression ne participe pas du polythéisme. Athénagore fournit ainsi les premiers éléments rationnels de l'unité de Dieu sous la forme de la Sainte-Trinité en suggérant l'existence de multiples personnes dans une essence et une puissance uniques.

Il réfute les allégations de dépravation sexuelle dont la communauté chrétienne fait l'objet en expliquant son code moral. Parfois rigoureux, celui-ci bannit les pensées démoniaques, le remariage, l'avortement et les spectacles de gladiateurs. Athénagore insiste également sur le devoir des chrétiens de se conformer aux lois civiles et met l'accent sur leur croyance en la vie future.

On lui attribue avec quelques réserves un autre ouvrage intitulé Peri anastaseos nekron (La Résurrection des morts). Rejetant la doctrine platonicienne selon laquelle le corps est la prison de l'âme et affirmant la complémentarité entre matière et esprit, Athénagore accepte la résurrection des morts en se fondant sur l'omnipotence de Dieu et l'image éternelle que celui-ci veut laisser aux hommes.

—  ENCYCLOPÆDIA UNIVERSALIS

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