ATHÈNES
Du combat héroïque contre les Barbares aux luttes fratricides qui précipitèrent son déclin, le destin d'Athènes résume celui de la Grèce. Berceau de la civilisation occidentale à laquelle elle légua les fondements du régime démocratique, Athènes a exercé une immense fascination sur le monde antique. Elle fut l'âme de la résistance grecque aux invasions, des Perses aux Macédoniens. Elle sut concilier la liberté avec l'un des impérialismes les plus efficaces de l'Antiquité. Mais elle succomba finalement devant une hégémonie plus puissante que la sienne, celle d'Alexandre le Grand.
Après cette période glorieuse, Athènes entre dans l'obscurité. Elle subit la domination romaine, est envahie par les Barbares (Goths et Hérules) au iiie siècle, pillée par les Normands au xiie siècle. Les croisés en firent au xiiie siècle un duché, sans lui rendre pourtant sa splendeur passée. Conquise par Mehmet II en 1456, elle resta sous le joug turc jusqu'à la libération partielle de la Grèce au xixe siècle.
Athènes moderne, capitale de la Grèce depuis bientôt deux siècles, comptait 3,8 millions d'habitants au recensement de 2001, soit le tiers de la population grecque. La marée urbaine submerge le bassin d' Attique, qui englobe aujourd'hui une centaine de communes. La métropole hellénique, tête monstrueuse posée sur un organisme frêle, peut rivaliser avec les plus grandes villes de l'Europe méditerranéenne, Madrid, Rome ou Istanbul.
Athènes, cité antique
Une petite plaine de 22 kilomètres sur 10, limitée par l'Aigaléos, le Parnès, le Pentélique et l'Hymette et drainée par le Céphise grossi de l'Ilissos ; en son centre, une acropole de 85 mètres de hauteur, facile à défendre, assez proche de la mer pour que les communications soient aisées avec le monde de l'Égée, assez lointaine toutefois pour que la sécurité soit assurée contre les entreprises des pirates : tel est le site d'Athènes.
La protohistoire d'une cité ionienne
Les hommes l'occupent tôt : un habitat de la fin du Néolithique, analogue à ceux de Thessalie, est attesté sur l'Acropole par des citernes creusées dans le roc du versant nord. L'Attique est ensuite conquise (vers 2600) par des migrateurs venus d'Anatolie, qui submergent la Grèce tout entière et y apportent une civilisation déjà évoluée (dite conventionnellement de l'Helladique ancien), connaissant la culture de l'olivier et de la vigne et la métallurgie du bronze : ce sont sans doute les Pélasges de la tradition athénienne. Nombreux sont les toponymes qui attestent leur implantation : Céphise, Ilissos, Hymette, Lycabette, Tricorynthos, Probalinthos, et le nom d'Athènes elle-même... Ils installent ou renforcent des cultes de la terre féconde, celui d'une Terre Mère dont Athéna – déesse de l'olivier, au nom typiquement préhellénique – est un exemple caractéristique, ceux de démons animaux, tels la chouette ou le serpent qui laissent tant de traces dans les mythes.
Athènes au IIe millénaire
Vers 1950 déferlent sur la Grèce, venant des Balkans, les premières bandes d'envahisseurs grecs. Ce sont les Ioniens, c'est-à-dire les « Impétueux ». Dans la plupart des autres contrées de Grèce, ils seront chassés par des migrations ultérieures ; en Attique au contraire ils resteront les maîtres du sol jusqu'à la conquête romaine. Les Athéniens s'enorgueilliront de leur autochtonie, c'est-à-dire de cette possession ininterrompue de la terre ancestrale depuis des temps immémoriaux. Les Ioniens apportent avec eux une forte organisation sociale en quatre tribus, leur dialecte, leurs grands dieux mâles, Zeus et sans doute Poséidon : héritage désormais implanté à Athènes pour toujours.
Dans la seconde moitié du millénaire (époque achéenne), Athènes se développe considérablement,[...]
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Écrit par
- Guy BURGEL : professeur à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense
- Pierre LÉVÊQUE : professeur émérite de l'université de Franche-Comté
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