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ATHÈNES (JEUX OLYMPIQUES D') [1896] Contexte, organisation, bilan

Une fois le congrès de la Sorbonne clos dans l'enthousiasme olympique renaissant, le 23 juin 1894, il s'agit de se mettre à la tâche et d'entamer une véritable course contre la montre pour parvenir, en moins de deux ans, à transformer le rêve coubertinien en réalité athénienne. À la Sorbonne, Dimitrios Vikelas a convaincu les congressistes que le berceau des Jeux antiques, la Grèce, devait voir les premiers jeux Olympiques modernes se dérouler sur son sol. Derechef, il est désigné président du Comité international olympique et doit se charger, en chef d'orchestre, de mener à bien le projet. Mais les difficultés sont multiples. La Grèce, État indépendant depuis 1830 seulement, semble tenir, avec ces Jeux, l'occasion de prouver à l'Europe entière qu'elle achève sa structuration et, en cette fin de xixe siècle qui voit les élites intellectuelles européennes remettre en cause le philhellénisme, rappeler à tous que la grandeur de sa civilisation antique peut lui servir de socle afin d'entrer dans la modernité. Mais les dieux qui régnaient jadis sur le mont Olympe figurent désormais en bonne place dans les manuels scolaires d'histoire, et la vie quotidienne du peuple grec est difficile : les champs sont en friche, la disette menace les villes, on craint qu'à tout moment de nouvelles invasions viennent d'Asie. Les jeux Olympiques constituent-ils réellement l'événement fondateur qui donnera à la population des raisons de croire en l'avenir en recueillant l'héritage du passé ?

Pour le Premier ministre grec, Charilaos Tricoupis, la réponse va de soi et elle est négative. En effet, nommé Premier ministre le 8 mai 1875, il exerça six mandats, malgré quelques revers électoraux, jusqu'au 15 mai 1893. Il assainit l'administration, la police et lança des programmes de grands travaux, mais sa politique financière se solda par un fiasco et le pays ne parvint pas à rembourser ses emprunts (630 millions de drachmes). En 1893, il déclara donc la Grèce en situation de banqueroute. Pour faire face à ce fait dramatique, de nouveaux impôts, cruels pour le peuple, furent levés et l'aide étrangère se vit de nouveau sollicitée : les capitaux – britanniques pour la plupart – arrivèrent en masse, mais ils servirent essentiellement à payer les intérêts de la dette. Battu aux élections de mai 1893, Tricoupis retrouva son poste le 11 novembre de la même année.

Quand on lui présente, à l'automne de 1894, le budget des Jeux, celui-ci s'avère trois fois supérieur aux prévisions et il refuse de financer l'événement. Ce contretemps ne signifie pas pour autant la mort des Jeux d'Athènes. En effet, l'opposition politique, menée par Théodore Deligiannis, critique la décision de Tricoupis, et le jeune prince héritier Constantin (vingt-six ans), très populaire, séduit par le sentiment philhellène de Coubertin, se saisit du dossier et promet au baron d'emporter l'adhésion du roi Georges Ier. Or, parmi les trente-deux participants du Congrès de préparation du concours olympique tenu au palais du Zappeion à l'automne de 1894, beaucoup s'étaient montrés réticents envers les Jeux ; de plus, Stephanos Dragoumis, éphémère président du comité d'organisation, fit rapidement la preuve de son incompétence. En janvier 1895, le prince Constantin pousse donc à la démission les membres peu enthousiastes de ce comité embryonnaire et, avec l'aide de Dimitrios Vikelas, il met en place un nouveau Comité des jeux Olympiques, composé de douze hommes motivés – qui sont tous des politiciens membres de l'opposition à Tricoupis – et présidé par Timoléon Philémon, ancien maire d'Athènes.

Stade Panathénaïque, Athènes - crédits : JoStapleton Collection/ Corbis/ Corbis/ Getty Images

Stade Panathénaïque, Athènes

Timoléon Philémon se met au travail et s'attaque à l'épineux problème du financement des Jeux. Pragmatique, il renonce d'emblée à toute magnificence[...]

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Écrit par

  • : historien du sport, membre de l'Association des écrivains sportifs

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